Contrôle réception d'un Le Mat, modèle "Cavalry", partie V

Nous avons poursuivi aujourd'hui notre inspection du LeMat.

Il nous restait à dévisser le ressort central :



Celui-ci est affecté de quelques piqûres de corrosion. Sa vis de maintien est tout droit sortie d'une boîte à rabiot :



On dirait qu'elle a été bronzée une fois mise en place dans la poignée : seule la moitié supérieure de sa tête est noire, le reste semble taillée à la lime. A se demander si Pietta ne sous-traite pas en Inde certaines de ses pièces...?

A l'aide de laine de verre triple zéro, nous éliminons les amorces de corrosion sur le ressort principal, puis celui-ci est graissée à la Wonder Lube (qui comme son nom l'indique fait des merveilles) :



Une fois remonté, sa vis de maintien tourne dans le vide en fin de course, ce qui n'est pas très surprenant au vu de l'état de son extrémité taraudée...

Le nez amovible du chien a été ébavuré et poli légèrement :



De même pour sa chape dans le chien :



Le remontage est un peu difficile à cause du ressort lame. Il faudrait avoir trois mains pour tenir le ressort, le nez amovible et sa vis d'axe. Le plus simple que j'ai trouvé est de procéder comme suit :



On monte d'abord la lame ressort dans le chien, on la visse, puis on place le chien à l'envers et on maintien la lame ressort dans son fond de logement à l'aide d'un tournevis fin qui passe dans la rainure. Ainsi, on peut placer et visser l'axe du nez amovible.

Une fois huilé, on observe un fonctionnement impeccable : le nez amovible reste très ferme grâce à son ressort mais le mouvement d'ouverture et de fermeture est très fluide, ça ne « gratouille » plus.

Le doigt élévateur est soigneusement ébavuré :



Il faut faire attention à simplement casser les arêtes et ôter les bavures mais à ne pas modifier la forme spécifique du bec, qui comporte un biseau. Les côtés sont polis à la Dremel + pâte à polir afin d'avoir le meilleur glissement possible dans sa rainure de carcasse.

Nous avons ébavuré l'entrée du canon :



Bien sûr, cela supprime un petit cercle de bronzage, mais c'est préférable à des interférences avec le boulet dans cette zone de raccordement entre barillet et canon.

Côté logement de cheminée centrale, nous avons eu de la chance. Le copeau métallique n'était pas complètement collé au logement et le bronzage a pu passer sous lui, ce qui ne laisse pas de zone non bronzée :



Nous avons procédé à l'ébavurage de toutes les entrées de chambres du barillet :



Les chanfreins qui sont usinés vont pouvoir être plus fonctionnels et l'introduction des boulets devrait être améliorée.

Les cheminées sont remontées. L'une d'entre elle se met en travers et se bloque. Nous n'arrivons pas à la remettre en ligne et la démontons. Rien de surprenant :



Son chanfrein d'entrée de taraudage est mal réalisé et comporte des bavures. Le montage chez Pietta de cette cheminée a dû se faire en force ! L'accès n'est pas facile et plutôt restreint mais non arrivons à ébavurer ce diamètre avec une petite lime carrée. C'est mieux et la cheminée peut se monter sans se bloquer après quelques tours.

Nus avons entièrement remonté l'arme, à l'exception des plaquettes. La teinte trop rouge ne convenant pas au propriétaire, elles ont été poncées dans leur partie lisse, légèrement teintées au brou de noix et soumises au True Oil.

Le fonctionnement mécanique, très bon d'origine, est impeccable. C'est ferme et onctueux à la fois. L'arme est prête à aller au stand.

Bravo pour cette opération

et qu'est ce qu'il donne au stand ?

Joe Merci a écrit: et qu'est ce qu'il donne au stand ?

Il n'a jamais tiré. Le démontage s'est fait right out of the box, comme diraient nos amis anglo-saxons. Là pour l'instant, il va attendre quelques jours la finition de ses plaquettes.

Je vous tiendrais au courant de la suite de ses aventures.

En tout cas ce post est breath talking en shakespearien ou palpitant en français !!
Bravo et un kill

Néanmoins une question me taraude les neurones : pourquoi employer la première personne du pluriel alias le "nous" ?
Êtes-vous plusieurs ?
Juste par curiosité....
Remarque ça donne l'impression de participer de manière active à l'opération.

Chewie a écrit:Nous avons poursuivi aujourd'hui notre inspection du LeMat.
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On dirait qu'elle a été bronzée une fois mise en place dans la poignée : seule la moitié supérieure de sa tête est noire, le reste semble taillée à la lime. A se demander si Pietta ne sous-traite pas en Inde certaines de ses pièces...
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Pietta ne serait pas la seule à sous-traiter en Inde, car j'avais déjà écrit dans un post à propos du Deringer Philadelphia de Pedersoli qu'au moins les garnitures provenaient en évidence de ce pays.

Nevada Smith a écrit:Néanmoins une question me taraude les neurones : pourquoi employer la première personne du pluriel alias le "nous" ?
Êtes-vous plusieurs ?
Juste par curiosité....
Remarque ça donne l'impression de participer de manière active à l'opération.

Il me semble que Chewie utilise là le nous de modestie, à ne pas confondre avec le nous de majesté (utilisé régulièrement par la Reine d'Angleterre sous sa forme britannique comme dans le fameux "we are not amused" d'il y a quelques années). Le nous de modestie est couramment utilisé dans les publications scientifiques. L'accord des adjectifs qualificatifs et participes passés se fait au singulier (ce qui peut le paraître au lecteur non averti) comme nous sommes étonné de découvrir tel ou tel défaut....


PS : j'aime bien faire étalage de ma pédanterie quelquefois, ça montre que moi aussi j'ai au moins un défaut et ça me rend plus humain...

Cobravif a écrit:

Mais je suis sûr et certain que c'est purement par modestie que Ringo fait étalage de ladite pédanterie. Ne tant que membre du club des modestes je lui suggère d'employer de temps en temps l'imparfait du subjonctif, moins dangereux même dans le cadre de la lutte actuelle contre le passé simple que l'imparfait du préservatif.

Bonjour Mon cher Ami Cobravif,

ehhh bien, en subordonnées complétives, celles-là, de rhétoriques malicieuses, fallait-il encore la " chercher, la trouver et ensuite la pondre", ce qui en somme, résume tout l'Art du bien parler qui te sied si bien.

Bonne année à toi ainsi qu'à tes proches
Avec toute Mon Amitié

Comment ? Que je m’astreignisse à user d'un temps qui, tout correct grammaticalement qu'il fût, est tombé dans une désuétude, regrettable je vous l'accorde, mais réelle au demeurant. Point, mes amis, point ! Ne comptant pas au nombre des Immortels, et ne nourrissant aucune ambition de les rejoindre, je n'éprouve aucun besoin de recourir à ces formulations maintenant ampoulées, et continuerai derechef à m'exprimer le plus simplement du monde, en prise avec mon environnement et l'actualité, tout en maintenant le niveau de correction et d'exactitude que m'ont inculqué mes parents et mes maîtres, grâces leur en soient rendues.


PS : j'en profite pour vous proposer de briser là, et de cesser cette déviation du sujet ouvert par Chewie, que je continue à tenir pour particulièrement intéressant et excellemment présenté.

Je sais bien qu'un seul exemple n'est pas suffisant pour tirer des conclusions, mais inclinerais-tu vers une possibilité de diminution de la qualité moyenne chez Pietta, ou sur la possibilité d'un accident regrettable ?

Comme les grands esprits se rencontrent, Chewie a effectivement envoyé un courrier à Pietta pour attirer leur attention sur tous les points qu'il a relevés lors de son inspection du specimen (cf. https://repliquesoldwest.superforum.fr/t11348-controle-reception-d-un-le-mat-modele-cavalry-commentaires#150289). Nous attendons la réponse avec un intérêt certain...

Nevada Smith a écrit:Néanmoins une question me taraude les neurones : pourquoi employer la première personne du pluriel alias le "nous" ? Êtes-vous plusieurs ?

Bonsoir Nevada Smith.

Ringo, une fois de plus, a dégainé le premier...

Je te rassure : nous sommes seul et il ne s'agit pas non plus d'un complexe jupitérien    (paraît-il à la mode en ce moment...).

C'est une règle d'usage : lorsqu'il ne s'agit pas de correspondance privée ou de fiction, l'auteur d'une publication publique (journalistique, technique, scientifique...) se doit d'utiliser ce fameux nous afin de ne pas fatiguer ses lecteurs avec des "je pense..." par là, "je crois..." par ici ou encore "je constate...".

Malheureusement, comme nous vivons une époque ravagée par le narcissisme et l'égocentrisme puéril et bon marché, nous marchons sur la tête : ce qui était de la dernière incorrection (moi je, moi je) est devenu la norme dans la grande mise en scène spectaculaire des millions de vies insignifiantes des réseaux dits "sociaux" : j'aime ceci, j'aime pas cela, ce matin j'ai fait ça, ce soir je ferais ceci...

Du coup, le gars un peu conservateur comme moi, attaché à cette chose obsolète nommée langue française et qui emploie cette formulation, pourrait passer pour un pédant (wèche, l'autre, y s'la pète à jacter comme Louis XIV) alors que comme l'a rappelé Ringo ( ) il s'agit avant tout d'une formule "de modestie".

Par contre, je suis surpris que cette usage ne soit pas connu dans la Belle Province. Vos journalistes seraient-ils américanisés au point d'écrire leurs articles à la première personne ?

Cobravif a écrit:Je n'ai pas entre les mains une rotation suffisante de répliques Pietta récentes pour voir une opinion sur la qualité moyenne des armes qui sortent de la manufacture italienne. Mais voir une telle accumulation défauts me paraît aberrant. Ne serait-ce pas un loupé numéroté et vendu par erreur ?

Malheureusement, ce n'est pas une première en ce qui me concerne avec ce fabricant. J'avais déjà partagé sur le ROW un démontage out of the box similaire d'un Spiller & Burr. La mécanique interne était mal dégrossie et non ébavurée, tant et si bien qu'après un courriel au service client de Pietta, j'avais reçu en dédommagement de Pietta le kit de pièces détachées standard pour ce modèle (chien + doigt élévateur + ressort bilame + came arrêtoir), expédié depuis l'Italie. C'était il y a plusieurs années.

Ringo a peut-être raison de se concentrer sur les armes plus artisanales des années 60. Il est fort probable que les techniques de management modernes de la production chez certains fabricants bon marché ne permettent plus d'espérer un niveau de qualité très élevé. Au lieu de tirer l'Asie vers le haut, on nivelle l'Europe par le bas.

Chewie a écrit:

Cobravif a écrit:Je n'ai pas entre les mains une rotation suffisante de répliques Pietta récentes pour voir une opinion sur la qualité moyenne des armes qui sortent de la manufacture italienne. Mais voir une telle accumulation défauts me paraît aberrant. Ne serait-ce pas un loupé numéroté et vendu par erreur ?

Malheureusement, ce n'est pas une première en ce qui me concerne avec ce fabricant. J'avais déjà partagé sur le ROW un démontage out of the box similaire d'un Spiller & Burr. La mécanique interne était mal dégrossie et non ébavurée, tant et si bien qu'après un courriel au service client de Pietta, j'avais reçu en dédommagement de Pietta le kit de pièces détachées standard pour ce modèle (chien + doigt élévateur + ressort bilame + came arrêtoir), expédié depuis l'Italie. C'était il y a plusieurs années.

Ringo a peut-être raison de se concentrer sur les armes plus artisanales des années 60. Il est fort probable que les techniques de management modernes de la production chez certains fabricants bon marché ne permettent plus d'espérer un niveau de qualité très élevé. Au lieu de tirer l'Asie vers le haut, on nivelle l'Europe par le bas.

Je ne suis pas étonné de cette constatation ... bien entendu on en veut tous pour notre argent mais une production industrielle à bas coup c 'est aussi et surtout une réduction des temps de production et du montage.  Le "fignolage" à aussi un coût ... on a plus le temps sinon c 'est trop cher pour le fabricant ... c 'est bien dommage . On est aussi tributaire du sérieux des opérateurs machines , des monteurs et du contrôle qualité.

Si pour Pietta ou d’autres, ce qu' ils nous proposent correspond au degrés de qualité choisi par apport au coût de production déterminé ... On ne peut que constater une évidence et espérer une bonne surprise

Merci pour cette présentation très détaillée intéressante et révélatrice  

Ringo a écrit: (...) ou sur la possibilité d'un accident regrettable ?

Attention. Il faut rester objectif : les défauts que nous avons noté (parfois amplifiés par le mode macro-photographique) restent de l'ordre de la finition.

L'arme était parfaitement fonctionnelle telle que sortie de la boîte : crans de demi armé et d'armé efficaces, rotation du barillet régulière, indexation précise et sans raté.

Aucun risque à tirer avec avant le démontage de mon point de vue. Je pense que ce sont là des points obligatoires du contrôle Qualité chez ce fabricant, comme chez tout fabricant de revolver qui passe le banc d'épreuve.

Quand je dis "accident" je pense à un accident de production, un raté en fait, les autres exemplaires de la série ne présentant éventuellement pas ces défauts.

Désolé, Ringo. J'avais mal saisi le sens de ton intervention.

Un accident de production ? Avant, je t'aurais répondu "sans doute". Maintenant que j'ai démonté et inspecté plusieurs fabrications de cette maison (précisons : des années 90 aux années 2010)... Je constate que le niveau de finition chez eux est assez homogène, c'est-à-dire relativement faible. Tout ce qui ne sort pas directement de machine CN est visiblement peu repris ensuite.

Pas de problème. Ma formulation pouvait prêter à confusion.

Il est tout de même regrettable, si cela s'avère, que la finition soit traitée par dessous la jambe, particulièrement pour des modèles "prestigieux", certainement achetées au moins autant par des collectionneurs que par des tireurs, et destinés autant à l'exposition qu'à l'utilisation.

Chewie a écrit:

Nevada Smith a écrit:Néanmoins une question me taraude les neurones : pourquoi employer la première personne du pluriel alias le "nous" ? Êtes-vous plusieurs ?

Bonsoir Nevada Smith.

Ringo, une fois de plus, a dégainé le premier...

Je te rassure : nous sommes seul et il ne s'agit pas non plus d'un complexe jupitérien    (paraît-il à la mode en ce moment...).

C'est une règle d'usage : lorsqu'il ne s'agit pas de correspondance privée ou de fiction, l'auteur d'une publication publique (journalistique, technique, scientifique...) se doit d'utiliser ce fameux nous afin de ne pas fatiguer ses lecteurs avec des "je pense..." par là, "je crois..." par ici ou encore "je constate...".

Malheureusement, comme nous vivons une époque ravagée par le narcissisme et l'égocentrisme puéril et bon marché, nous marchons sur la tête : ce qui était de la dernière incorrection (moi je, moi je) est devenu la norme dans la grande mise en scène spectaculaire des millions de vies insignifiantes des réseaux dits "sociaux" : j'aime ceci, j'aime pas cela, ce matin j'ai fait ça, ce soir je ferais ceci...

Du coup, le gars un peu conservateur comme moi, attaché à cette chose obsolète nommée langue française et qui emploie cette formulation, pourrait passer pour un pédant (wèche, l'autre, y s'la pète à jacter comme Louis XIV) alors que comme l'a rappelé Ringo ( ) il s'agit avant tout d'une formule "de modestie".

Par contre, je suis surpris que cette usage ne soit pas connu dans la Belle Province. Vos journalistes seraient-ils américanisés au point d'écrire leurs articles à la première personne ?

Merci pour vos explications Ringo et toi.
Malheureusement cet usage du nous de modestie n'est pas en usage dans la Belle Province et les articles de nos journalistes sont, en effet, écrits à la première personne du singulier !
Américanisés que nenni, au contraire ce sont des grands défenseurs de la langue de Voltaire, mais nombrilisés (je viens de l'inventer ce mot, je l'aime bien) et égocentrés sans aucun doute.

En tout cas un gros merci encore pour ton post palpitant et un autre merci pour avoir pris mon commentaire comme il se devait, c'est-à-dire une question mais sans critique.

Tabar... que j'aime ROW Cité !

Longue Vie.

En ce qui concerne les "manques" de finition sur les Pietta actuels, j'ai malheureusement pu le constater plusieurs fois, sans compter le fait que les Pietta me semblent maintenant construits dans un acier plus mou que les Uberti ou les Pietta des années 60-70... Le manque de soin apporté aux armes à destination de notre beau pays me semble être une constante, je l'avais déjà constaté sur des armes US.: Un Smith&Wesson  357 neuf "Out of the box" avec des tâches partout sur le bronzage et un Colt python inox brillant avec les marquages de travers et le poulain tout juste visible...Il semblerait que la France reçoive les laissés pour compte de l'industrie armurière mondiale...
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