2/ Just call me Mortimer: le Kentucky à silex chez les Gros Ventres part 3/3
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suite de "Le Kentucky à silex Chez les Gros Ventres" part 2
A la fin de l’automne 1931 La tribu des Gros Ventre est revenue installer son camp après 2 saisons de chasse dans les Rocheuses qui de leur dires ne s’était pas bien passées à cause des rixes avec les Crows et les Dalotas. Cette absence m’a marquée car j’avais l’impression d’être seul dans cette immensité muette seulement dérangée par notre présence familiale. Et j’étais heureux de retrouver mon cousin Tim, lui et ses rires timides, ses longs cheveux noirs intenses, nos jeux et nos courses dans la plaine et les forêts.
Printemps 1932, je devais avoir probablement 13 ans, Griffes d’Ours Debout et Cheval Rouge arrivèrent à notre campement, l’air grave et revêtus de leur peintures de guerre mais sans arme. Mon père me grogna d’aller relever les collets et les pièges au bord de la rivière.
Il nous raconta le soir, l’air très soucieux, que les Gros Ventres avaient décidés de mettre un terme à la présence des trappeurs qui travaillaient pour le comptoir des peaux et fourrures. En effet, mon père l’avait lui-même constaté, le gibier devenait rare et il qu’il lui fallait aller de plus en plus loin pour le traquer, il disait que quand les Loups et les pumas sont moins nombreux, c’est qu’il y a aussi moins de gibier pour nous.
La décision de Griffes d’Ours Debout, malgré les supplications de mon Père était prise et irréversible, il s’était engagé vis-à-vis de sa tribu et irait au combat quoiqu’il en coute. Ils préféraient mourir dignement en guerriers que de mourir misérablement de faim après avoir mangé leurs montures et leurs chiens.
Après de longues discussions parentales, mes parents convenaient tous deux de na pas se mêler de ce conflit et peut être de quitter la région avant que le bain de sang ne commence. Je me taisais afin de ne pas extérioriser mon désaccord qui aurait été stérile et risquer de fortes et cinglantes gifles de mon Père.
Et puis à l’été 1932, Les dignitaires de la tribu des Gros Ventres sont venus nous faire leurs adieux nous informant qu’ils partaient plus à l’Est pour en découdre avec les deux compagnies de Trappe que sont la « Rocky Mountain Fur Company » et la « Compagnie de la Baie d’Hudson », ce furent de dignes étreintes entre mon Père et eux et ils repartirent sans se retourner fiers et droits sur leurs montures peintes elles aussi aux couleurs de guerre.
Une semaine avait passé et j’étais allé voir si mon ami et cousin Tim était resté, mais plus rien à l’emplacement du camp, de l’herbe couchée ou de la terre pelée aux emplacements des teepees et des lieux de vie. La cendre des feux était froide et un calme oppressant régnait, plus de cris d’enfants, plus un chant, même les oiseaux se taisaient. Je remontais sur « Bo » le cœur lourd et je l’avoue en pleurant. Arrivé à notre camp, ma décision était prise, je les rejoindrais.
Le lendemain, profitant que mes parents étaient assez éloignés, je fis mon baluchon : des provisions de viande séchée, des pièces de saumon fumé, du sel, du miel récolté dans le creux des arbres avant que les ours ne s’en repaissent et idée folle du moment et lourde de conséquences le Kentucky de mon père, un sac de billes en plomb et de la poudre. Je chargeais Bo non sans lui avoir mis une épaisse couverture sur le dos qui me servirait pour bivouaquer. Je fis les premier kilomètres au pas pour ne pas me faire entendre à travers la forêt, mon cœur battant la chamade, fort d’avoir pris ma première décision d’homme libre, mais aussi empli de la crainte de la réaction parentale.
J’avais appris à suivre les pistes et celle-là était facilement lisible. Pendant une semaine j’ai progressé en leur laissant une distance suffisante pour ne pas être vu pensant que le temps jouait en ma faveur et que plus tard je les rejoindrai, plus il leur sera difficile de me renvoyer d’où je venais. Un soir jugeant que le moment était opportun pour me montrer, je rentrai dans le camp non sans avoir mis pied à terre et marché lentement comme si j’étais de la tribu. Ils étaient tous là, à peu près 250 des Gros Ventre et autant de Black Feets venu leur prêter main forte. Vite reconnu par mon visage pâle à la lueur des feux, un guerrier Black feet me traina sans ménagement à Cheval Rouge qui rentra dans une colère énorme comme je ne l’avais jamais vu. J’ai même courbé l’échine dans la crainte qu’il ne me batte. Sa colère un peu calmée il me traina dans le cercle de guerriers assis autour d’un feu ou se tenait Griffes d’Ours Debout et d’autres dignitaires Black Feets. S’en suivi de longues discussions en Algonquien auxquelles je ne comprenais rien, mais par moment certains s’emportaient et se levaient pour s’exprimer véhémentement en brandissant leur lance pour appuyer leurs propos. Le calme revenu les propos paraissant plus mesuré, Cheval rouge me fit signe de m’approcher devant lui et Griffes d’Ours Debout et me fit un long sermon résumé des palabres tribales.
Griffes d’Ours Debout ayant expliqué aux autres dignitaires que j’étais venu les rejoindre pour en découdre avec eux contre les comptoirs avait jugé que c’était un honneur pour eux venant d’un grand Papoose Blanc, mais qu’avoir désobéi à mon Père même si il était frère de sang de Cheval Rouge était un manque de respect paternel à mon âge. Néanmoins, les Black Feets avaient un moment plaidé ma cause argumentant qu’un jeune guerrier supplémentaire, même Blanc était le bienvenu d’autant que je détenais un Pennsylvanian, arme redoutable qui pourrait rivaliser avec les armes des trappeurs.
Je ne savais que dire et que faire, en rage d’être éconduit dans ma cause et rabaissé au rang de Papoose aux yeux de ces guerriers qui me scrutaient tous en détail, d’un regard mi admiratif, mais aussi mi amusé.
Ils avaient décidé que Tim me raccompagnerai une partie du chemin pour être bien sûr que je rentrerai. Ce qui fut dit, et d’ailleurs sans appel possible, fut fait, le lendemain je reprenais la piste inverse avec Tim chevauchant à mes côtés. Là, il me confia son embarras face à la situation et me dit avoir peur de ce qui allait suivre, les Black Feets avaient essayé en vain de calmer sa tribu, dont son Père, mais en vain, la hache de guerre était belle et bien déterrée.
Deux jours plus tard, alors que je ruminais encore tout en conduisant Bo sur l’étroit chemin en dévers dans la montagne en suivant Tim, nous aperçûmes sur l’autre versant venant dans notre direction par l’unique piste 3 cavaliers. Trop loin pour distinguer amis ou ennemis, Tim nous fit gravir plus haut dans les éboulis rocheux en tirant nos chevaux pour les aider à grimper sur un surplomb rocheux afin disait-il de se soustraire à leur vue mais aussi de pouvoir mieux les observer quand ils passeraient. Compte tenu de la tension actuelle la prudence était de mise disait-il. Ne sachant que penser je trouvais l’idée bonne et que se trouver face à des inconnus dans cette partie de montagne vide d’êtres humains pouvait être dangereuse.
Tim commença à préparer ses flèches à côté de lui et vérifiait le bandage de son arc. J’avais l’impression d’être comme à nos parties de chasse et l’envie avouée de faire comme les grands me vint et je chargeais le Kentucky avec 2 doses de poudres comme mon père le faisait pour chasser l’Ours Brun ou le sanglier. Je le posais à côté de moi et patiemment allongé comme à la traque je scrutais le contre bas. De temps en temps j’épaulais pour prendre des visées de repère compte tenu de la distance, mais personne en vue. En fin d’après-midi, de concert avec Tim avions décrété que soit, ils avaient pris un autre chemin, soit ils faisaient bivouac vu que le soleil déclinait. Donc, méfiance et patience.
Je finis même par m’assoupir et je pense que Tim aussi, quand je fus réveillé par un grand coup de pied dans le dos par un espèce de géant hirsute avec une barbe blanche qui lui arrivait au nombril. Il tenait mon Kentucky d’une main et Tim par les cheveux de l’autre en s’esclaffant à tue-tête: Je les tiens tous les deux ! Alors, derrière lui, je vis mon Père et un autre gaillard tout maigre coiffé d’un chapeau bizarre comme un tricorne que j’avais pu voir sur certaines vieilles gravures de certains pionniers.
Le Géant m’ayant lâché et jeté dans les jambes de mon Père, j’y fus accueilli à grands coups de bottes et de claques, Je n’avais jamais vu mon Père dans un état pareil, il me hurlait tellement fort dessus que je ne comprenais rien à ce qui sortait sourdement de sa bouche tant le débit était haché et les langues mélangées de Breton et de Français pour former une nouvelle langue inconnue à ce jour. Dans la nuit je voyais sa mâchoire contractée et son regard briller sous la lune. Ses yeux habituellement gris clair étaient devenus presque blancs par la colère.
Son courroux passé, il me prit dans ses bras et serra contre sa poitrine, mes os endoloris craquants sous son étreinte. Chose impossible, j’ai même cru dans l’obscurité voir une larme au coin de son œil et son regard perçant me paraissait plus brillant que d’accoutumé.
Ce soir-là, j’ai eu droit au sermon de ma vie. Quand il s’est aperçu de mon départ, il n’y a pas cru jusqu’au moment où il découvrit l’absence de son fusil, d’une partie des provisions et du reste. Face à la crise de nerf de ma mère qui, elle, avait compris la cause et l’objectif de mon départ et les conséquences qui pouvaient en découler pour moi, mon père, lui, se focalisait sur l’absence de son Kentucky qui les laissait démuni de toute sécurité et de l’usage que j’aurais pu en faire. Il partit demander de l’aide à 2 colons fermiers amis et proches de notre camp dont le géant qui faisait partie de la communauté des Mormons vivants dans les parages.
Je quittais Tim au petit matin, non sans un pincement au cœur en redoutant ce qu’il pourrait lui advenir dans les jours prochains et suivi mon Père et ses 2 compagnons sur la piste à travers la montagne jusqu’à retrouver ma mère courant à notre rencontre et pleurant de joie quelques jours plus tard.
A Pierre’s Hole le lieu du « Rendez-vous » annuel des compagnies des fourrures et des trappeurs, ce jour-là, en Juillet 1832, l’histoire s’est très mal finie pour nos amis Gros ventres, mais Tim et Cheval Rouge sont revenus.
Griffes d’Ours Debout a été tué sur les ordres d’un certain Trappeur nommé Godin par un Flat Head alors qu’il était venu parlementer, le Flat Head a pris la couverture rouge qu’il portait toujours sur son épaule et Godin l’aurait scalpé avant de s’enfuir pour prévenir l’assemblée des trappeurs. S’en suivi une bataille sanglante ou périrent 12 trappeurs, colons et indiens Nez percés et Flat Head de leurs amis, mais 26 Gros Ventres dont femmes et enfants présents périrent sous le feu des fusils et des flèches et ce malgré l’aide des Black Feet. En finalité, le « Rendez-vous » n’a jamais été attaqué comme prévu et le renfort des Trappeurs venus en nombre leur a infligé une sévère et cuisante défaite sans avoir été attaqués!
Dans le village Gros Ventres reconstitué à leur retour, ce ne fut que lamentations et chants funéraires pendant des semaines.
Mon père, compris qu’il serait bientôt temps pour nous de réaliser le rêve de ma Mère de descendre plus au Sud et d’y bâtir une vie sédentaire dans un environnement plus clément.
la ressemblance avec certains faits et personnages historiques n'est pas fortuite, le reste n'est que roman de ma part
à suivre dans d'autres aventures de Just Call me Mortimer"
A la fin de l’automne 1931 La tribu des Gros Ventre est revenue installer son camp après 2 saisons de chasse dans les Rocheuses qui de leur dires ne s’était pas bien passées à cause des rixes avec les Crows et les Dalotas. Cette absence m’a marquée car j’avais l’impression d’être seul dans cette immensité muette seulement dérangée par notre présence familiale. Et j’étais heureux de retrouver mon cousin Tim, lui et ses rires timides, ses longs cheveux noirs intenses, nos jeux et nos courses dans la plaine et les forêts.
Printemps 1932, je devais avoir probablement 13 ans, Griffes d’Ours Debout et Cheval Rouge arrivèrent à notre campement, l’air grave et revêtus de leur peintures de guerre mais sans arme. Mon père me grogna d’aller relever les collets et les pièges au bord de la rivière.
Il nous raconta le soir, l’air très soucieux, que les Gros Ventres avaient décidés de mettre un terme à la présence des trappeurs qui travaillaient pour le comptoir des peaux et fourrures. En effet, mon père l’avait lui-même constaté, le gibier devenait rare et il qu’il lui fallait aller de plus en plus loin pour le traquer, il disait que quand les Loups et les pumas sont moins nombreux, c’est qu’il y a aussi moins de gibier pour nous.
La décision de Griffes d’Ours Debout, malgré les supplications de mon Père était prise et irréversible, il s’était engagé vis-à-vis de sa tribu et irait au combat quoiqu’il en coute. Ils préféraient mourir dignement en guerriers que de mourir misérablement de faim après avoir mangé leurs montures et leurs chiens.
Après de longues discussions parentales, mes parents convenaient tous deux de na pas se mêler de ce conflit et peut être de quitter la région avant que le bain de sang ne commence. Je me taisais afin de ne pas extérioriser mon désaccord qui aurait été stérile et risquer de fortes et cinglantes gifles de mon Père.
Et puis à l’été 1932, Les dignitaires de la tribu des Gros Ventres sont venus nous faire leurs adieux nous informant qu’ils partaient plus à l’Est pour en découdre avec les deux compagnies de Trappe que sont la « Rocky Mountain Fur Company » et la « Compagnie de la Baie d’Hudson », ce furent de dignes étreintes entre mon Père et eux et ils repartirent sans se retourner fiers et droits sur leurs montures peintes elles aussi aux couleurs de guerre.
Une semaine avait passé et j’étais allé voir si mon ami et cousin Tim était resté, mais plus rien à l’emplacement du camp, de l’herbe couchée ou de la terre pelée aux emplacements des teepees et des lieux de vie. La cendre des feux était froide et un calme oppressant régnait, plus de cris d’enfants, plus un chant, même les oiseaux se taisaient. Je remontais sur « Bo » le cœur lourd et je l’avoue en pleurant. Arrivé à notre camp, ma décision était prise, je les rejoindrais.
Le lendemain, profitant que mes parents étaient assez éloignés, je fis mon baluchon : des provisions de viande séchée, des pièces de saumon fumé, du sel, du miel récolté dans le creux des arbres avant que les ours ne s’en repaissent et idée folle du moment et lourde de conséquences le Kentucky de mon père, un sac de billes en plomb et de la poudre. Je chargeais Bo non sans lui avoir mis une épaisse couverture sur le dos qui me servirait pour bivouaquer. Je fis les premier kilomètres au pas pour ne pas me faire entendre à travers la forêt, mon cœur battant la chamade, fort d’avoir pris ma première décision d’homme libre, mais aussi empli de la crainte de la réaction parentale.
J’avais appris à suivre les pistes et celle-là était facilement lisible. Pendant une semaine j’ai progressé en leur laissant une distance suffisante pour ne pas être vu pensant que le temps jouait en ma faveur et que plus tard je les rejoindrai, plus il leur sera difficile de me renvoyer d’où je venais. Un soir jugeant que le moment était opportun pour me montrer, je rentrai dans le camp non sans avoir mis pied à terre et marché lentement comme si j’étais de la tribu. Ils étaient tous là, à peu près 250 des Gros Ventre et autant de Black Feets venu leur prêter main forte. Vite reconnu par mon visage pâle à la lueur des feux, un guerrier Black feet me traina sans ménagement à Cheval Rouge qui rentra dans une colère énorme comme je ne l’avais jamais vu. J’ai même courbé l’échine dans la crainte qu’il ne me batte. Sa colère un peu calmée il me traina dans le cercle de guerriers assis autour d’un feu ou se tenait Griffes d’Ours Debout et d’autres dignitaires Black Feets. S’en suivi de longues discussions en Algonquien auxquelles je ne comprenais rien, mais par moment certains s’emportaient et se levaient pour s’exprimer véhémentement en brandissant leur lance pour appuyer leurs propos. Le calme revenu les propos paraissant plus mesuré, Cheval rouge me fit signe de m’approcher devant lui et Griffes d’Ours Debout et me fit un long sermon résumé des palabres tribales.
Griffes d’Ours Debout ayant expliqué aux autres dignitaires que j’étais venu les rejoindre pour en découdre avec eux contre les comptoirs avait jugé que c’était un honneur pour eux venant d’un grand Papoose Blanc, mais qu’avoir désobéi à mon Père même si il était frère de sang de Cheval Rouge était un manque de respect paternel à mon âge. Néanmoins, les Black Feets avaient un moment plaidé ma cause argumentant qu’un jeune guerrier supplémentaire, même Blanc était le bienvenu d’autant que je détenais un Pennsylvanian, arme redoutable qui pourrait rivaliser avec les armes des trappeurs.
Je ne savais que dire et que faire, en rage d’être éconduit dans ma cause et rabaissé au rang de Papoose aux yeux de ces guerriers qui me scrutaient tous en détail, d’un regard mi admiratif, mais aussi mi amusé.
Ils avaient décidé que Tim me raccompagnerai une partie du chemin pour être bien sûr que je rentrerai. Ce qui fut dit, et d’ailleurs sans appel possible, fut fait, le lendemain je reprenais la piste inverse avec Tim chevauchant à mes côtés. Là, il me confia son embarras face à la situation et me dit avoir peur de ce qui allait suivre, les Black Feets avaient essayé en vain de calmer sa tribu, dont son Père, mais en vain, la hache de guerre était belle et bien déterrée.
Deux jours plus tard, alors que je ruminais encore tout en conduisant Bo sur l’étroit chemin en dévers dans la montagne en suivant Tim, nous aperçûmes sur l’autre versant venant dans notre direction par l’unique piste 3 cavaliers. Trop loin pour distinguer amis ou ennemis, Tim nous fit gravir plus haut dans les éboulis rocheux en tirant nos chevaux pour les aider à grimper sur un surplomb rocheux afin disait-il de se soustraire à leur vue mais aussi de pouvoir mieux les observer quand ils passeraient. Compte tenu de la tension actuelle la prudence était de mise disait-il. Ne sachant que penser je trouvais l’idée bonne et que se trouver face à des inconnus dans cette partie de montagne vide d’êtres humains pouvait être dangereuse.
Tim commença à préparer ses flèches à côté de lui et vérifiait le bandage de son arc. J’avais l’impression d’être comme à nos parties de chasse et l’envie avouée de faire comme les grands me vint et je chargeais le Kentucky avec 2 doses de poudres comme mon père le faisait pour chasser l’Ours Brun ou le sanglier. Je le posais à côté de moi et patiemment allongé comme à la traque je scrutais le contre bas. De temps en temps j’épaulais pour prendre des visées de repère compte tenu de la distance, mais personne en vue. En fin d’après-midi, de concert avec Tim avions décrété que soit, ils avaient pris un autre chemin, soit ils faisaient bivouac vu que le soleil déclinait. Donc, méfiance et patience.
Je finis même par m’assoupir et je pense que Tim aussi, quand je fus réveillé par un grand coup de pied dans le dos par un espèce de géant hirsute avec une barbe blanche qui lui arrivait au nombril. Il tenait mon Kentucky d’une main et Tim par les cheveux de l’autre en s’esclaffant à tue-tête: Je les tiens tous les deux ! Alors, derrière lui, je vis mon Père et un autre gaillard tout maigre coiffé d’un chapeau bizarre comme un tricorne que j’avais pu voir sur certaines vieilles gravures de certains pionniers.
Le Géant m’ayant lâché et jeté dans les jambes de mon Père, j’y fus accueilli à grands coups de bottes et de claques, Je n’avais jamais vu mon Père dans un état pareil, il me hurlait tellement fort dessus que je ne comprenais rien à ce qui sortait sourdement de sa bouche tant le débit était haché et les langues mélangées de Breton et de Français pour former une nouvelle langue inconnue à ce jour. Dans la nuit je voyais sa mâchoire contractée et son regard briller sous la lune. Ses yeux habituellement gris clair étaient devenus presque blancs par la colère.
Son courroux passé, il me prit dans ses bras et serra contre sa poitrine, mes os endoloris craquants sous son étreinte. Chose impossible, j’ai même cru dans l’obscurité voir une larme au coin de son œil et son regard perçant me paraissait plus brillant que d’accoutumé.
Ce soir-là, j’ai eu droit au sermon de ma vie. Quand il s’est aperçu de mon départ, il n’y a pas cru jusqu’au moment où il découvrit l’absence de son fusil, d’une partie des provisions et du reste. Face à la crise de nerf de ma mère qui, elle, avait compris la cause et l’objectif de mon départ et les conséquences qui pouvaient en découler pour moi, mon père, lui, se focalisait sur l’absence de son Kentucky qui les laissait démuni de toute sécurité et de l’usage que j’aurais pu en faire. Il partit demander de l’aide à 2 colons fermiers amis et proches de notre camp dont le géant qui faisait partie de la communauté des Mormons vivants dans les parages.
Je quittais Tim au petit matin, non sans un pincement au cœur en redoutant ce qu’il pourrait lui advenir dans les jours prochains et suivi mon Père et ses 2 compagnons sur la piste à travers la montagne jusqu’à retrouver ma mère courant à notre rencontre et pleurant de joie quelques jours plus tard.
A Pierre’s Hole le lieu du « Rendez-vous » annuel des compagnies des fourrures et des trappeurs, ce jour-là, en Juillet 1832, l’histoire s’est très mal finie pour nos amis Gros ventres, mais Tim et Cheval Rouge sont revenus.
Griffes d’Ours Debout a été tué sur les ordres d’un certain Trappeur nommé Godin par un Flat Head alors qu’il était venu parlementer, le Flat Head a pris la couverture rouge qu’il portait toujours sur son épaule et Godin l’aurait scalpé avant de s’enfuir pour prévenir l’assemblée des trappeurs. S’en suivi une bataille sanglante ou périrent 12 trappeurs, colons et indiens Nez percés et Flat Head de leurs amis, mais 26 Gros Ventres dont femmes et enfants présents périrent sous le feu des fusils et des flèches et ce malgré l’aide des Black Feet. En finalité, le « Rendez-vous » n’a jamais été attaqué comme prévu et le renfort des Trappeurs venus en nombre leur a infligé une sévère et cuisante défaite sans avoir été attaqués!
Dans le village Gros Ventres reconstitué à leur retour, ce ne fut que lamentations et chants funéraires pendant des semaines.
Mon père, compris qu’il serait bientôt temps pour nous de réaliser le rêve de ma Mère de descendre plus au Sud et d’y bâtir une vie sédentaire dans un environnement plus clément.
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