1/ Just call me Mortimer: "la génèse"

Certains connaissent mon nom, mais le confondent souvent avec le Colonel Douglas Mortimer ex officier Nordiste dont la réputation n’est plus à faire. Le seul point commun est que nous avons tous les deux été chasseurs de prime une partie de nos vies.
Je suis né en 1819 dans un état du Sud, l’année et le lieu de ma naissance sont approximatifs car on se souciait fort peu de ce genre de détail à cette époque mais ce devait être en Louisiane pas très loin Jackston town.
Nous sommes en 1990 et la fin du siècle touche bientôt à sa fin et j’ai du mal à reconnaitre les villages autrefois traversés tant ils ont grandis et son devenus des villes avec des usines qui font beaucoup de fumée et un bruit infernal de cheval vapeur. Les distances me paraissent aussi plus courtes maintenant que les Nordistes ont traversé le pays de sillons de métal qui coupent les plaines en deux, mais je dois avouer que c’est bien pratique pour se déplacer en mettant son cheval, sa selle et son bardas dans le wagon à l’arrière du train.
Vous l’avez compris, je suis sudiste d’origine et je le reste au fond de mon cœur même si j’ai vécu pas mal de temps plus haut sur la carte, j’ai combattu les Yankees et il faut maintenant s’en accommoder sans oublier que maintenant nous sommes tous dans le même pays fédéré par des lois Nordistes.
En fait Douglas Mortimer sont mes deux prénoms et ils m’ont été donnés au baptême par mes parents par respect pour le chef du village qui était descendant d’Anglais et ce malgré la réticence familiale compte tenu de nos origines. Des dires de mon père, c’était un homme droit et les Anglais ne sont pas tous comme ça.
Mon père, Julien Marie Le Jouan, était Français par son père venu de Bretagne pour échapper à la misère locale entretenue par les nobliaux Français au détriment des paysans et ma mère était Irlandaise pure souche arrivée toute jeune ici, elle aussi échappée à la famine et aux massacres dans son pays lié au joug anglais.
Très tôt alors que j’avais une dizaine d’années, mes parents ont quitté le Sud pour fuir le travail dans les plantations et le salaire de misère donné par les riches propriétaires avec aussi peu de considération que leurs esclaves noirs.
Je me souviens encore de ce trajet interminable jusqu’aux plaines du Montana, des bivouacs, des bons trocs avec les indiens, des travaux que faisaient mes parents dans les fermes ou villages traversés pour récolter quelques dollars pour continuer la route. Mais aussi des gueux de pillards blancs que mon père chassait à coup de crosse de son Kentucky pour économiser la poudre et les plombs. Des tours de garde la nuit pour éloigner les prédateurs, loups, cougars, coyotes et compagnie pendant que ma mère ravaudait nos vêtements, accommodait les restes de la chasse dans la marmite tout en chantant ses vieilles complaintes venues du fond de sa mémoire Gaëlique.
Et puis, un jour nous sommes arrivés dans un vallon en cahotant sur la piste face à une tribu d’Indiens dont le torse et la figure étaient peints en Blanc et leur joues barrées de trais rouges. Certains à cheval, les autres à pied, lances et arcs à la main ils nous barraient le chemin, inquiétants et juste suffisament menaçants….
Mon père comme à l’accoutumé ne se départi pas de son sang-froid et me murmure en Français moitié Breton comme à chaque fois qu’il y a avait urgence ou danger :
« allez Branmouss (terme affectif Breton équivalent à petit branleur en Français), mets-toi derrière dans le chariot et arme le Kentucky !»
Tremblant un peu, je prends la poire à poudre, rempli l’auget et met derrière mon père l’encombrant fusil contre son dos.
Celui qui avait une grande coiffure à plumes et de grandes nattes de cheveux noir corbeau c’est avancé lentement vers nous juché sur son magnifique cheval Roux et blanc dont les cuisses étaient elles aussi peintes avec des motifs blancs. Je commençais à un peu à paniquer connaissant mon père, mais redoutant surtout les coups de gueules de ma mère qui ne s’en laissait jamais compter par quiconque, même un chef indien !
Je m’entends encore dire à haute voix et en Français à mon père :
« Laisse-le parler d’abord avant de tirer !!!»
Mon père avait déjà levé sa main paume en avant en signe d’apaisement et l’indien lui rendait le même signe. Ils mirent tous deux pieds à terre pendant que je me mettais à côté de ma mère sur le siège, le Kentucky à plat sur mes genoux.
Il s’ensuivi une longue palabre, qui vue du chariot, devenait de plus en plus cordiale, voire souriante des deux côtés.
Sur un signe de la main les autres indiens se sont rapprochés en demi-cercle derrière leur chef, leurs armes abaissées. Mon père nous fit signe de le rejoindre.
Je crois avoir murmuré à ma mère :
« je crois qu’on va pouvoir continuer la route »
Mais là, j’avais tort …..
Mais c’est une autre histoire que je vous conterais avec plaisir plus tard si vous le voulez bien en vous présentant le Kentucky de Papa Julien Marie Le Jouan.

Hâte de connaître le suite !

Merci Eric, la suite sur le Kentucky chez les Gros Ventres est dans Quai 3
Bonne lecture

Douglas Mortimer

J'aime bien cette façon de raconter le passé, sans emphase et dynamique .

1 kill pour ce joli texte , les autres suivront à chaque page.

clifou a écrit:Douglas Mortimer

J'aime bien cette façon de raconter le passé, sans emphase et dynamique .

1 kill pour ce joli texte , les autres suivront à chaque page.

Merci Clifou,
à suivre avec l'enfance de Douglas Mortimer chez les Gros Ventres avec le Kentucky de mon Père