La conversion ou lorsque Remington fit moins bien que Colt

Il a souvent été évoqué une supériorité des revolvers à percussion Remington par rapport à leurs homologues Colt, en raison d’une part de leur cadre fermé assurant une plus grande robustesse, et de la facilité de démontage et remontage de leur barillet d’autre part.

En revanche, Remington fit beaucoup moins bien que Colt lorsqu’il s’agit de convertir ses New Model Belt et New Model Police aux cartouches métalliques.

En effet, la firme Colt, toujours aussi près de ses sous (quand bien même Samuel était décédé), se contenta de couper le barillet de ses armes à la base des cheminées, et, pour rattraper la différence de longueur, de fixer une plaque ronde munie d’une échancrure sur le bouclier de la carcasse, ce qui permettait de charger et d’éjecter les cartouches sans démontage du barillet, et enfin de riveter une rallonge au bec du chien pour assurer la percussion.

Chez Remington, on remplaça carrément le barillet, ce qui coûtait déjà cher, et, pour protéger des chocs éventuels la base des cartouches à percussion annulaire (le bouclier des Remington n’étant pas assez proéminent pour assurer cette protection), on adapta un couvercle venant s’emboiter sur le barillet.

Ainsi, si on a pu voir Clint Eastwood dans « Pale Rider » ou Anson Mount dans « Hell on Wheels » changer le barillet de leur New Model Army dans le feu de l’action,  il ne saurait en être de même avec un « Belt » ou un « Police » où il faut veiller à ne pas perdre le couvercle du barillet lorsqu’on l’enlève, et à bien aligner le trou du premier avec l’argot du second pour le remettre en place !!

Bizarrement, les New Model Army et Navy convertis n’ont pas ce couvercle et bien que les spécialistes soient incapables de préciser la date à laquelle Remington commença à convertir ses modèles à percussion, j’ai tendance à soupçonner que la maison commença par les modèles Belt et Police, puis qu’elle copia quelque peu tout simplement Colt quand elle en vint aux modèles Army et Navy !

D’ailleurs, Norm Flayderman précise que bon nombre de ces Army et Navy ne furent pas convertis par Remington, mais plutôt par des armuriers indépendants, et il met en garde les collectionneurs sur le fait que ces dernières ont nettement moins de valeur que les véritables conversions d’usine.


Le remington New Model Police converti pour le .38 à percussion annulaire


Les barillets du modèle ci-dessus, à percussion et converti, montrant que le barillet a carrément été remplacé dans pour la conversion


Le barillet et son couvercle, avec l'ergot du premier sur lequel le trou du second vient s'encastrer


Les Colts convertis, à percussion annulaire à gauche, et à percussion centrale à droite, avec leur plaque fixée au bouclier de la carcasse et leur nez de chien rallongé

Addenda : mea culpa, je me suis planté pour ce qui concerne le remplacement du barillet des Remington. Je viens en effet de lire que le barillet était en réalité conservé, mais coupé au ras du filetage des cheminées, puis réalésé pour recevoir le bourrelet des cartouches.

Bon eh bien je vais me coucher encore moins bête ce soir !

En effet cela rend la conversion moins intéressante chez Remington, le rechargement devait être plus long le seul avantage dû aux cartouches métalliques que je peux y voir était sans doute la meilleure résistance à l'humidité. On peut imaginer que Remington a dû s'adapter un peu dans la précipitationet faire une fois de plus en fonction des brevet comme tu nous l'avait déjà indiqué dans d'autres cas.

Merci Pat pour ce nouvel éclairage sur l'histoire de nos armes

+1;)

Merci Pat ! +1

Patibulaire a écrit:
Addenda : mea culpa, je me suis planté pour ce qui concerne le remplacement du barillet des Remington. Je viens en effet de lire que le barillet était en réalité conservé, mais coupé au ras du filetage des cheminées, puis réalésé pour recevoir le bourrelet des cartouches.

Je reviens sur cet addenda, car je ne crois pas ce que j'ai lu à 100 %.

En effet, si vous regardez la photo des barillets percussion et cartouches côte à côte, vous verrez que les échancrures à hauteur des cheminées sont trapézoïdales sur le premier, alors qu'elles sont rectangulaires sur le second. On dirait donc bien qu'il s'agit d'un barillet fabriqué spécialement pour les cartouches métalliques.

Si quelqu'un a des éléments sur ce sujet....

Salut,

Aucun élément, désolé... mais ce qui m'interpelle (outre cette forme du puit changée comme tu le soulignes), c'est cet arrondi du barillet qui disparaît sur le barillet à cartouches métalliques qui, lui , est bien droit... juste effet d'optique de la photo ?



d'un autre côté... les temps étant ce qu'ils étaient à l'époque, garder, en secours en cas de "disette" de cartouches, un barillet C&B me plait assez....

Tu as raison sur toute la ligne, Le Molvanien !

Concernant la comparaison des barillets, je viens de vérifier et ce n'est pas une illusion d'optique : si on coupe le barillet à percussion à la même longueur que celui à cartouches, on tombe bien dans l'arrondi. Donc le barillet était bien remplacé.

Et idem pour ta dernière remarque. Les scientifiques affirment qu’une des différences entre l’homme et la femme réside dans le fait que le premier est incapable de faire deux choses à la fois ! Dans mon cas, c’est encore pire, puisqu’en raison de l’âge et de la disparition rapide des neurones qui en résulte, même en faisant les choses l’une après l’autre, je ne les fait plus dans le bon ordre !

Ainsi maintenant, j’écris d’abord, et je réfléchis ensuite à ce que j’ai écrit, et c’est pourquoi j’ai omis d’apporter deux éléments qui sont quand même à apporter au crédit des conversions Remington :

1) la longueur totale barillet pour cartouche plus couvercle étant le même que celle du barillet à percussion, le possesseur d’un Remington n’avait pas, comme celui d’un Colt, à renvoyer son arme en usine ou à la laisser à un armurier pour la convertir. Il lui suffisait de se procurer le nouvel ensemble ;

2) pour les mêmes raisons, la poudre en vrac et les amorces étant restées beaucoup plus faciles à trouver que les cartouches dans les contrées isolées de l’ouest jusqu’au début du 20ème siècle, ce possesseur à court des secondes pouvait se contenter de remettre l’ancien barillet en place pour retrouver une arme à percussion.