Kentucky ...

Je vois ce que c'est, mon Colonel. Pour se faire briller, on est prêt à manger du blanc de Meudon, d'Espagne ou même du Chili - con carne, bien sûr - mais pour rendre service, là le désintéressement se dissout dans le Mir Or.
T'inquiète pas Lolo. Moi je veux bien les prendre à ma charge (de poudre noire) les frais de porc. Et après le porc, salut ! On va pas en faire un fromage, tout de même !
En mettant dans le même coffre l'épave de ton Kentucky et le mien tout fringant sans autre résident pour préserver leur intimité, j'espère ben obtenir un greffon hybride. (De cheval). Je serais curieux de voir ce que donne l'hybridation d'une platine à silex et d'une platine à percussion.

Il existe aussi une huile pour laquelle je milite parce qu'elle est bon marché, efficace et qu'elle a remplacé les huiles fines de cétacé et de phoque dès le début des années 1870 : l'huile de vaseline. Parfaitement inerte chimiquement, elle est hydrofuge et protège remarquablement les métaux au contact des bois de l'humidité des interstices. Cette huile présente tous les avantages des huiles animales, sans avoir le défaut de changer de fluidité avec la température. En outre, à la différence des autres huiles minérales, elle est parfaitement compatible avec la poudre noire dont elle fluidifie les cendres au lieu de les durcir et est donc le lubrifiant idéal des mécanismes de nos armes. Nous la devons à un pétrochimiste allemand qui l'a découverte en travaillant sur les paraffines de pétrole et l'a répandue sur les marchés d'Europe et d'Amérique à partir de 1870.
À la différence des huiles végétales, elle ne contient absolument pas d'eau.
On peut s'en servir, alliée à 50 % avec la cire d'abeille pour faire de la graisse à balles d'armes de poing.
Mais là, on peut aussi utiliser des huiles végétales, parce que, justement elles contiennent de l'eau qui apporte encore plus de précision pour le tir aux armes longues. L'eau contenue en mélange éclectique dans les huiles végétales permet de limiter l'utilisation du tube humidificateur pour le tir à poudre noire de précision à longue distance. Mais les carabiniers de la ville seront à même de mieux te renseigner là-dessus.

Mon Kentucky est un Armi Jäger et il très très bien. À l'époque, j'étais jeune officier, je tirais beaucoup et avec le 49-56, lorsque mes soldats tiraient, je ne ratais pas une occasion de faire du tir à 200 m. Les appareils de visée de mon Kentucky se trouvaient réglés pour 150 m avec les balles que je tirais - du 451 - et 2,5 grammes de poudre noire de chasse. En outre la visée à cran de mire me va très bien et je trouvais plus facile  de prendre la visée avec qu'avec le système œilleton-guidon du 49-56. Et pourtant je tirais très bien au 49-56 et j'étais très bien classé en tir avec à Saint Cyr.
Le tir en appui depuis une cahute de chasse à autour de 100 m n'était pas un gros exploit. L'un des deux chevreuils que j'avais tirés, je l'avais frappé de flanc à hauteur du cœur et il était tombé sur place après avoir fait deux pas. L'autre, à une semaine d'intervalle je l'avais frappé  en arrière de la mâchoire sous l'oreille, en gros. Il a trébuché et est tombé. Lorsque nous sommes arrivés sur lui nous avons assisté à sa mort. Là encore, bonnes conditions de tir. Mais nous étions trois et les deux qui m'avaient invité avaient des carabines modernes et auraient achevé mes cibles si je ne les avais que blessées. Comme je ne suis pas chasseur, je ne tire pas gloriole de ces deux coups de feu.
Des chasseurs à poudre noire m'ont dit que les fusils Kentucky répliques sont très efficaces sur les petits gibiers. Seulement, le mien les avait intrigués parce qu'il est à silex et qu'eux n'utilisaient que des armes à percussion. Un tir à une centaine de mètres avec la munition que j'avais tirée n'avait entraîné aucun commentaire de leur part.
Mais il est vrai que je ne suis pas carabinier et que mes yeux ne sont plus ce qu'il étaient. Je suis myope depuis l'enfance mais maintenant je suis en plus presbyte ce qui ne facilite pas forcément l'accommodation "guidon net".
Si j'ai évoqué ces deux tirs, c'est parce que Biker 13 demandait à quelle distance on peut tirer avec le Kentucky. L'année où j'ai acheté le mien - 1976 - je l'ai essayé jusqu'à deux cent mètres à La Ferté sous Jouarre. Et ma foi, alors que je ne maîtrisais pas bien le chargement à balle calepinée les résultats n'étaient pas ridicules. Mais je ne pensais pas un jour chasser avec ce joli fusil. D'autant que je possédais un 8x57 JRS qui, elle, était faite pour ça. Je l'ai revendue et j'ai maintenant, toujours avec un mécanisme de K 98 K mais un stecher, une 7x64. Et je ne suis toujours pas chasseur mais simplement tireur.