L'arme la plur répandue dans l'old west

N’en déplaise à l’un des plus fameux contributeurs du ROW, l’arme la plus répandue dans l’ouest ne fut pas le très beau Colt 1851 of Navy Caliber, produit à un peu plus de 257000 exemplaires entre Hartford et Londres, pas plus que l’encore plus répandu Colt Pocket 1849, produit à plus de 325000 exemplaires, et encore moins le très fameux Colt 1873 Single Action Army, produit à 310000 exemplaires entre 1873 et 1940, mais arrivé trop tard, lorsque la conquête de l’ouest était pratiquement terminée.
Non, l’arme la plus répandue fut bien le « moulin à poivre », autrement dit la pepperbox, et notamment celles de M. Ethan Allen qui, à partir de 1837, en produisit tellement de modèles et en si grand nombre qu’il existe d’éminents collectionneurs qui ont bâti leur importante collection en la composant uniquement des différents modèles de ces « Allen pepperboxes »
En effet, apparues en même temps que le Colt Paterson, les Allen pepperboxes, eurent un succès bien plus grand, d’abord parce qu’elles se trouvaient beaucoup plus facilement chez les armuriers, et surtout parce qu’elles coûtaient entre le tiers et la moitié du prix d’un Colt. Par ailleurs, elles fonctionnaient déjà en double action et permettaient donc un tir plus rapide qu’avec le Colt.
En revanche, elles avaient pour défauts d’avoir des canons lisses et une détente très dure (justement en raison de leur fonctionnement uniquement en double action - Allen a produit pendant un très court moment une pepperbox pouvant fonctionner également en simple action, mais le mécanisme était tellement peu fiable qu’elle fut aussitôt retirée du marché), ce qui les rendait très imprécises.
Cependant, les pionniers partant vers l’ouest, ceux de la ruée vers l’or californien de 1849, ou encore les joueurs et tricheurs professionnels, avaient avant tout pour exigences d’avoir une arme de défense suffisamment puissante, efficace à courte distance, pouvant tirer 5 ou 6 coups d’affilée, et se souciaient donc peu de sa précision.
De plus, tant les pionniers que les chercheurs d’or sacrifiaient le peu qu’ils possédaient pour s’offrir leur équipement de départ, et il ne restait donc plus grand chose au moment d’acquérir un moyen de défense,. La pepperbox était ainsi le choix de la raison de par son prix peu élevé.
Cet aspect « économique » joua d’ailleurs un tel rôle que certaines milices équipèrent encore leurs hommes de poivrières Allen pendant la guerre de sécession.
Ce conflit marqua toutefois la fin de cette arme, avec l’apparition de la cartouche métallique, car, si la conversion d’un revolver à percussion était relativement facile, elle était beaucoup plus compliquée pour une poivrière. Il y avait bien sûr les poivrières à broche européennes, mais elles étaient peu prisées par les américains en raison de la faiblesse et de la fragilité de leurs munitions.
Au contraire de cela, les poivrières américaines Allen eurent un certain succès en Europe, puisque Victor Hugo lui-même en parla dans son ouvrage « Les Travailleurs de la Mer ».
Alors certes, l’arme n’est pas des plus esthétiquement « affriolante » et on n’a jamais vu John Wayne brandissant une pepperbox dans un de ses nombreux westerns, mais il n’empêche qu’elle est bien celle qui fut la plus répandue pendant la conquête de l’ouest, à tel point qu’aux Etats-Unis, elle a gagné le qualificatif de « the gun that won the west » (l’arme qui a conquis l’ouest) !
Ceci explique également pourquoi il fallait absolument que j’ajoute cette arme à ma petite collection « old west », et je vous présente donc ci-dessous ma « Allen & Wheelock » pepperbox à 6 canons (plus rare que le modèle à 5 canons) calibre .32, fabriquée à Worcester, Massachussetts, entre 1856 et 1865 :





Je suis en fait très étonné car, contrairement à tout ce que j'ai lu sur le sujet et également écrit ci-dessus, la détente de ma poivrière, qui n'a pourtant apparemment que peu ou même jamais tiré (les 6 canons sont "miroir"), est remarquablement douce et légère pour une détente à double action.

A titre de dernière information, il peut être noté que la firme fut d’abord dénommée « E.Allen » entre 1831 et 1837 et qu’elle se situait à Grafton, Massachussetts, puis « Allen & Thurber » (lorsque Charles Thurber devint associé) entre 1837 et 1854, toujours à Grafton, avant de migrer à Norwich, Connecticut, et ensuite à Worchester, Massachussetts.
Une fois à Worchester, la firme changea encore 3 fois de nom en devenant « Allen Thurber & Co. » (lorsque le second beau-frère Thomas Wheelock devint lui aussi associé), puis « Allen & Wheelock » au départ à la retraite de Charles Thurber, et enfin « E.Allen & Company » après le décès de Wheelock.
Après la mort d’Ethan Allen en 1871, la firme, qui ne fabriquait plus alors de pepperboxes, prit le nom de « Forehand & Wadsworth », puis « Forehands Arms Company » de 1890 à 1902, avant d’être rachetée à cette date par la firme « Hopkins & Allen Manufacturing Co. ».
On voit qu’à cette époque, il y avait déjà dans l’industrie des changements de dénomination et des délocalisations certainement accompagnés « de plans de licenciements » comme nous en connaissons tant de nos jours.

P.S. Je dois avouer que j’ai honteusement « pompé » la référence à Victor Hugo et à son livre « Les Travailleurs de la Mer » dans un extrait de la Western Revue publié précédemment par notre ami Ringo dans un post sur les pepperboxes.

Salut

Merci pour l'info et félicitations pour cette arme

A+

Très belle pièce, félicitations
J' aime beaucoup ces poivrières, mais le prix des originaux étant ce qu' il est...
Et j' ai lu plusieurs fois que cette arme se retrouvait partout, car pas chère et très pratique à courte distance. De plus, elle n' était pas très encombrante et se glissait aisément dans une poche.

Mon cher Patibulaire

Tu as fait un travail de recherche remarquable et sur le fond tu as certainement raison..........mais le gamin que je suis resté continu à rêver avec ses 1851....1860......et 1873 même si ce dernier n'a pas participé à l'épopée !!!!

Le poivre me fait tousser.....la Poudre noire me fait rêver

Cette réponse est bien sûr à prendre sur le ton de la plaisanterie

Amicalement

T

En plus quand on est du mauvais côté et à courte distance elle a un petit côté dissuasif......
En tous ca, c'est une pièce intéressante , un bon point pour cette présentation, mon bon Pat!

tranter 44 a écrit:

Le poivre me fait tousser.....la Poudre noire me fait rêver

Cette réponse est bien sûr à prendre sur le ton de la plaisanterie

Quel romantique ce TRANTER  

Belle acquisition, Patibulaire, et d'une arme qui a toute sa place dans la légende de l'old west, au moins autant que les 1851 et autre 1849 et consorts...
Félicitations !

Papysharps a écrit:Très belle pièce, félicitations
J' aime beaucoup ces poivrières, mais le prix des originaux étant ce qu' il est...
Et j' ai lu plusieurs fois que cette arme se retrouvait partout, car pas chère et très pratique à courte distance. De plus, elle n' était pas très encombrante et se glissait aisément dans une poche.

Bien sûr, Papysharps, on ne peut pas dire qu'une telle arme est donnée. Mais c'est quand même relatif, car, chez un antiquaire spécialisé pratiquant des prix "normaux" (à la différence de beaucoup de ses confrères), le prix est celui de 2 répliques de Colt 1851 (plutôt genre Uberti que Pietta quand même).

C'est chez un de ces antiquaires que je me la suis offerte.

tranter 44 a écrit:Mon cher Patibulaire

Tu as fait un travail de recherche remarquable et sur le fond tu as certainement raison..........mais le gamin que je suis resté continu à rêver avec ses 1851....1860......et 1873 même si ce dernier n'a pas participé à l'épopée !!!!

Le poivre me fait tousser.....la Poudre noire me fait rêver

Cette réponse est bien sûr à prendre sur le ton de la plaisanterie

Amicalement

T

Je te comprends tout à fait Tranter, même sans le ton de la plaisanterie. Comme je l'ai dit, la poivrière n'est pas une arme des plus esthétiquement affriolantes, mais que veux-tu, la réalité historique est là, et il faut donc bien la prendre en compte.

Et puis, même si l'arme n'est pas "belle", je lui trouve quand même un certain charme dû à sa singularité, ainsi qu'au fait qu'elle apporte un petit air de changement et de nouveauté au milieu de mes révolvers classiques qui finissent un peu par tous se ressembler...

je ne dirai pas qu'elle n'est pas belle.... elle a de beaux yeux

elle a surtout un côté "steampunk" que je trouve rigolo


en tous cas, belle acquisition

c, est vais un peu changement et de nouveauté élargis sa collection je la trouve chouette

Si il est tout à fait exact que les "poivrières" ont été les armes (courtes) les plus répandues dans l'ouest a un moment, il est difficile de soutenir qu'elles aient été les plus réussies... Elles étaient surtout les seules armes (courtes) à plusieurs coups disponibles dans l'ouest, jusqu'en 1855 au moins, brevet Colt oblige. A partir du moment ou les Colts de poche (.31)  ont commencés à être disponible dans l'ouest, plus personne n'a voulu des poivrières pourries, les armes principales restant les fusils de chasse à percussion de préférence, ou à silex à défaut. Les prix ont flambés d'ailleurs...

10 ou 15 ans plus tard seulement, les militaires ont commencé à se débarrasser à vil prix des stocks de la guerre et déjà les armes à percussion, même les révolvers, devenaient obsolètes, brevet Rolling White terminé...

Les poivrières ont connu leur heure de gloire sous le brevet Colt, les Colts à percussion l'heure suivante, puis tout à changé à l'expiration du brevet brevet rolling white.

Et nous collectionnons les antiquités !

Ben elle a un charme certain, je trouve. As-tu tiré avec ?



 JERRY

C'est sûr qu'elle a un charme !

C'est indéniable ...

Et bien je te félicite, ta poivrière est très belle...compte tenu de ce que je viens de lire, ce jouet dissuasif manque à ma collection, pour sûr...

On tâchera d'y remédier si l'occasion se présente

manque plus que la salière

À table donc

Sel, poivre... Et la vinaigrette, alors ?

Une belle pièce et en bon état en plus... bravo !

Cobravif a écrit:Sel, poivre... Et la vinaigrette, alors ?

Justement ....  çà peu aussi tourner au vinaigre si la moutarde monte au nez  

Dans son ouvrage autobiographique "Roughing it" (A la Dure), Mark Twain raconte un voyage en diligence au cours duquel un voyageur nommé Georges Bemis exhiba fièrement une Poivrière Allen.

Lors d'un arrêt rafraichissement, Georges voulut faire une démonstration de tir en accrochant un deux de pique sur le tronc d'un arbre. La première balle manqua la carte, mais pas une mule qui se trrouvait environ 30 yards à gauche !

Georges fit comme si de rien n'était, mais le propriétaire de la mule sortit avec un fusil juxtaposé à la main, et il eut vite fait de convaincre le malheureux tireur de lui acheter la mule à prix fort.

Plus tard, un des conducteurs de la diligence définit la poivrière en disant que, si elle ne parvenait pas à atteindre le but visé, elle allait toujours chercher autre chose !

belle acquisition !!!

felicitation