Remington 1858 Santa Barbara, « Neuf » mais…

L’objectif de mon propos n’est pas de vous présenter ce Remington 1858, d’autres l’ont déjà fait sans doute mieux que je ne saurais le faire, et puis il y a ce merveilleux site de l’ami Macgloy que tous les amateurs de la marque espagnole connaissent (mais au cas où en voici le lien : http://www.santa-barbara-1858.org/index.php/fr/bienvenue)
J’ai acheté le mien sur un site marchand non moins connu.
Voici donc mon « nouveau » revolver…



Je souhaite parler ici de la pluri-signification du mot « neuf » utilisé dans l’annonce de vente, mot qui peut être interprété de plusieurs façons selon son humeur, sa tolérance, ou ses connaissances en matière d’étymologie et des nuances de notre belle langue française…
Voici l’histoire :
Je lis sur le site mentionné plus haut, une annonce dans laquelle le vendeur prétend vendre un Remington Santa Barbara « neuf ».
M’étant documenté sur l’Internet au sujet de la marque, je sais :
1. Que le revolver n’est plus produit depuis belle lurette
2. Que les qualités de son acier sont reconnues par les poudreux d’expérience
3. Que ces derniers sont partagés, suivant les différents modèles, au sujet de ses qualités au stand
Comme je ne suis pas un tireur aguerri, ce troisième point ne constitue pas pour moi un élément rédhibitoire.
Le premier point me conduit à m’interroger sur la « nouveauté » du révolver vendu.
Comment peut-il être neuf puisque Santa Barbara  ne le produit plus depuis longtemps ?…
Comme j’ai envie de ce revolver, je l’achète, et comme chacun d’entre nous quand il attend un joujou, je rêve en attendant de le recevoir : un Santa Barbara « neuf »… je l’imagine sortie d’usine la veille, immaculé, parfait…
L’objet arrive… dans sa boite d’origine, pas toute neuve, elle… Je l’ouvre, et puisque, comme on dit, j’ai la puce à l’oreille, j’inspecte la pétoire… et je trouve des détails qui, a priori, tendent à démontrer que cette arme n’est pas « neuve ».
• Des dépôts suspects sur l’arrière du barillet au niveau de la base et autour des cheminées que je démonte, dont deux plus récalcitrantes que les autres – qui sont celles dont le filetage présente des traces de ce qui me parait à première vue être de la rouille.



Cela me conduit à poursuivre le démontage…
Dépose du barillet.
Inspection des chambres. Elles n’ont pas l’air d’avoir connu la poudre et l’axe du barillet ne présente aucune trace suspecte.
Le canon est miroir.
Je démonte les plaquettes de crosse.
Mauvaise surprise : la fente qui reçoit la base du ressort de chien présente des traces de rouille ;



La vis de mise sous tension du ressort est récalcitrante. J’en viens à bout grâce à du dégrippant (TRANYL vraiment efficace), et je peux démonter le ressort.
D’autres vis résistent, mais je finis par démonter l’ensemble des pièces.
Au passage, ma maladresse me fait endommager le bronzage : un coup de tournevis fait une « égratignure » de 0.5 mm au niveau de la vis de la détente…
Le revolver n’est plus neuf…  
La carcasse est par ailleurs comme « sortie d’usine », avec des traces d’usinage un peu « brut » à certains endroits, comme si ce qui ne se voit pas n’avait pas eu besoin de plus de finition que nécessaire. Est-ce une caractéristique de la marque, ceux d’entre vous qui en possède un pourront témoigner sur ce point.
Bon en dehors de suspicions de rouille sur les embases des cheminées et la fente du ressort de chien, les pièces de la mécanique de l’arme sont intactes.
Avant de démonter, j’ai pu armer le chien à plusieurs reprises et constater la raideur du ressort et la régularité de l’indexation.
Pour remettre de l’ordre là ou il faut, je commence par un premier nettoyage à la vapeur, puis un passage à la cuve à ultrason 60° pendant 40 minutes avec mélange produit à l’ammoniaque, et à nouveau nettoyage à la vapeur, séchage au sèche-cheveux, dans la foulée vaporisation de WD40, essuyage et un petit peu d’huile CLP, 3 en 1 comme on dit, en particulier sur les filetages des vis…
Les traces sur les embases des cheminées ont disparu, au remontage j’ai appliqué une graisse au cuivre haute température (COPASLIP), c’est une manie chez mois, sans doute pas nécessaire, mais ça fonctionne sur mes autres pétoires, alors pourquoi pas…
J’aurais encore à passer un peu de paille de fer sur le fond de la fente d’embase du ressort, mais le résultat déjà obtenu est presque parfait.
Je pense que la cause de la corrosion vient du fait que pour monter l’axe au neuvage, le ressort qui est bronzé a été légèrement limé au niveau de la partie entrant dans la fente, mettant le métal à nu.
Donc, j’ai acheté un Remington Santa Barbara « neuf »
• qui ne pouvait « sortir de l’usine », une signification du mot que l’on trouve dans le dictionnaire, puisque Santa Barbara a cessé de produire de modèle
• qui n’est donc pas « nouveau » une autre signification du mot dans le dictionnaire,
• qui, autant que je puisse en juger, n’a pas connu la poudre noire, donc « n’a pas été étrennée », autre sens du mot neuf toujours selon le dictionnaire,
• et donc « qui n’a pas servi » toujours dans le dictionnaire pour définir l’état du neuf
Alors neuf ou pas ?
Sans doute que ce Remington a souffert de sa longue inactivité, car avec son numéro de série 6612, il ne figure pas dans les dernières unités produites.
C’est cette inactivité qui lui vaut d’être "neuf", mais son âge lui vaut quelques rides !
N’étant plus moi-même de première jeunesse, j’ai décidé de conserver cette grand-mère toute neuve dont je compte bien me servir.
Fini le temps de la collection, place au temps de l‘action !

Silver Beard

En effet "neuf" peut convenir à plusieurs "états".
Pour exemple je vends actuellement une Winchester dans un état concours, qui n'a jamais tirée, mais fabriquée en 1980...on peut donc dire qu'elle est "neuve" par son état et d'occasion par son ancienneté ?...quel est le plus important ?...pour moi elle est neuve car dans son parfait état d'origine et n'a jamais été utilisée...

Une arme de 30 ou 40 ans qui n'a jamais tiré, nécessite, pour rester "neuve", une surveillance et un entretien régulier.
Dans le cas de mon Remington Santa Barbara, il fut sans doute oublié pendant longtemps avant de réapparaître sur le marché, vendu par une personne qui n'est sans doute pas un tireur à la poudre noire.
Une arme qui a donc vieilli, par ignorance.

Sur Naturabuy on trouve des armes proposées comme neuves ou proche du neuf qui sont de la fin du XIX ème siècle.
J'ai vu dans certains catalogues de ventes aux enchères des pistolets 1822 t bis d'origine vendus état de neuf (sorti d'arsenal jamais utilisés, et bien protégé).
Ces annonces sont sur naturabuy,proche du neuf ou neuf.

il n'était pas vraiment neuf, effectivement, mais pour moins de 250 euros, c'est plutôt une très bonne affaire...

Pour qu'une arme soit "bien protégée" et qu'elle reste "neuve, comme à sa sortie d'usine" alors qu'elle peut avoir plus d'un siècle, au delà d'un graissage qui serait "d'époque" par nécessité (donc une qualité d'huile datée qui serait sans doute loin de celle des huiles d'aujourd'hui), il faudrait, je pense, qu'elle ait été empaquetée sous vide, afin de lui éviter tout contact avec l'oxygène.
Cela dit, si elle n'a jamais tiré, elle peut être dite valablement "neuve" même si son état présente des altérations.
Un commissaire priseur, homme de loi (enfin naguère) ne s'amuserait pas à déclarer un objet "neuf" s'il y avait le moindre risque à le faire.

K2 a écrit:il n'était pas vraiment neuf, effectivement, mais pour moins de 250 euros, c'est plutôt une très bonne affaire...

Oups, sauf que je ne l'ai pas payé 250 €...
Mais le vendeur a été de bonne foi et a consenti une ristourne acceptable.

comme tu parlais de site de vente connu, et qu'ils sont plutôt rares à la vente, je pensais que c'était celui que j'ai vu partir à 225 il y à peu de temps... désolé que tu ne sois pas le chanceux acquéreur.

Bonjour K2,

Le Remington à 225 € n'est pas un Santa Barbara, mais un Euroarms.  
Tentant pour le prix.
J'en ai acquis un autre pour 209 € sur le même site, "pour voir", car le vendeur professionnel ne donnait aucune indication, sauf qu'il s'agit d'un "origine", bien qu'il soit de son aveu même, une "réplique italienne".
Ah ! la sémantique...

Il existe des systèmes 'officiels' et officieux -même internationaux- d'estimation (rating) pour les timbres poste, billets de banque, pièces de monnaie et surtout diamants...

A mon avis il est bien dommage qu'un système équivalent n'ait jamais vu officiellement le jour pour nos si chères armes anciennes et d'époque, voire même pour nos belles répliques devenues rares car plus en fabrication depuis des lustres (discontinued).

Ce système permettrait déjà d'y voir plus clair et éliminerait beaucoup de quiproquos.

Bonjour Shootin'Steve,
Un système d'estimation est une base d'appréciation du prix d'un objet en fonction de critères prédéfinis.
Pour une arme, dont le temps d'activité ou d'inactivité impacte l'état, il faudrait un examen d'expert pour, à un instant T, avant la vente, garantir  son état et permettre de donner une fourchette de prix.
Cela peut se concevoir pour les armes vendues très cher (plusieurs dizaines de milliers d'Euros).
Pour des armes dont les prix sont modestes je ne pense que pas  que cela soit nécessaire, le marché régule les prix.
Sur le site où j'ai acheté ce Remington, il y a toujours possibilité de renvoyer l'arme si on estime qu'elle n'est pas conforme à l'annonce.
Cela fonctionne je l'ai expérimenté par le passé.
Et puis dans un achat "par correspondance" il a ce petit plus de la surprise quand on déballe le colis, ce qui parfois réserve aussi de bonne surprise.

Je suis d'accord avec toi, cher Silver Beard.

Mais j'ai toujours remarqué des excès scandaleux dans le commerce d'armes à feu (surtout d'armes d'époque ou 'special édition', 'limited édition' et autres...).

"C'est un Colt... Il est gravé... Il est nickelé... Il a des n°s de série correspondants...
Il a 76% de son bronzage d'origine ?!..., Il fonctionne..., Il n'est pas piqué..., Il n'y a eu qu'autant d'exemplaires?!...Il n'a pas beaucoup tiré ?!... Il a un N° de série Bas ou Haut... Il est comme neuf ?!..
Il a appartenu à Steve (Mac Queen)..... "

Des arguments pas toujours prouvés ni établis, calibrés ou contrôlés via une charte ou accord de valeurs / points / pourcentages.
( un peu comme une voiture (ancêtre) et son livret / contrôle technique / prix catalogue...)

Pas facile de s'y retrouver et de ne pas se faire arnaquer par des escros professionnels dans ce marché très fermé qu'est celui des armes à feu.

Bonsoir Steve,
Dans le cas d'une vente via Internet, même si une charte d'évaluation existait, cela n’empêcherait pas l'arnaque, car la mauvaise foi à la base de celle-ci consisterait en de fausses déclarations.
Seule l'évaluation d'un expert rémunéré constituerait une garantie anti-arnaque, mais sa prestation impacterait le prix des armes.
Si l'on veut éviter l'arnaque, la seule chose à faire est de n'acheter que de visu, afin d'évaluer soit même l'arme avant l'achat.
Sur le site où j'ai acheté mon Remington 1858 Santa Barbara, la garantie (relative) réside dans le retour à l'envoyeur si l'on s'aperçoit d'une non-conformité par rapport à l'annonce.
Certes il reste un risque, mais aussi on apprend à connaitre les vendeurs qui ont "pignon sur site" (et je ne parle pas que des professionnels).
J'ai acheté plus d'une dizaine d'armes sur ce site, j'en ai revendu aussi, par nécessité, je n'ai jamais été victime d'une arnaque.
Mon post pourrait conduire à penser qu'il faut normaliser les annonces, mais ne sommes+nous pas déjà suffisamment cernés par les normes pour vouloir en ajouter une à un domaine où le plaisir est aussi de savoir parler des armes, et certaines annonces laisse transparaître le plaisir qu'a eu celui qui la mets en vente, à la posséder et/ou à l'utiliser.

C'est bien vrai, cher Silver Beard.

Bonjour à tous,

Après un bon nettoyage voici un Santa Barbara presque "neuf"  



Et son frère plus jeune



Les deux réunis



J'ai reçu le plus jeune en état proche du neuf

Cela dit, je cherche à savoir de quelle année est chacun de ces deux revolvers, car contrairement aux autres répliques ils ne portent pas de marque permettant de connaitre l'année de leur production.  

Sur ces armes, il n'y a que trois poinçons et trois marques sur la carcasse, le canon et le barillet.













Si vous avez des informations pour éclairer ma lanterne  

Silver Beard

Ce sont les marques d'épreuve espagnoles.

Le 06612 est de 1972
Le 13082 est de 1974

Pour la datation des Santa Barbara voir le lien suivant : http://www.santa-barbara-1858.org/index.php/de/datensammlung

Super Brown Bear, merci pour l'info

Avec plaisir

Deux beaux revolvers, cher Silver Beard !!!

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