On m'a fait un cadeau...

Ni le calibre, ni les appareils de visée ne permettent de le qualifier de réplique, mais pourtant c'est une sorte de Colt 1873, donc un peu de l'Old West. Pourtant je ne traite pas de cette arme à la rubrique "SAA retroconversion". Je ne voudrais pas irriter les gardiens de l'ordre dans ROW City.
Ce revolver a souffert mais je vais le réparer. Outre le guidon absent, il a un problème d'indexation et je l'ai essayé en faisant tourner le barillet à la main. Je vais régler tout cela.



On voit que de toute évidence il lui manque quelque chose et qu'il a en revanche quelque chose en plus. En effet, il n'a plus de guidon mais il a une hausse réglable en direction et en hausse. Il est allemand fabriqué par Herbert Schmidt.


C'est marqué sur le côté gauche du canon : M. I. W. GERMANY signifie made in Western Germany car il date de l'époque des deux Allemagnes.


Les poinçons : de l'avant vers l'arrière, l'aigle qui surplombe un N, le poinçon du Waffenamt, au milieu l'écusson à damier de Augsburg qui a remplacé l'ancien qui a duré jusqu'au XIXe siècle et enfin l'écu contenant le millésime, ici 81 pour 1981.


Sur le barillet, le poinçon du Waffenamt (c'est le banc d'essais allemand) avec à droite l’écu de Augsburg,


et toujours sur le barillet, le calibre 22 LR. Cette arme a aussi été déclinée en 22 Magnum. Et enfin un dernier marquage sous le canon celui-là :


Les présentations générales étant faites, étudions un peu cette "réplique" en fait assez éloignée de l'original à cause de son système de visée mais qui était très populaire en Allemagne avant le classement du calibre 22 LR. Cette arme a aussi été produite en mono-coup à destination de la France pour les nostalgiques de John Wayne lorsque les pistolets mono-coup en 22 LR étaient encore en vente libre en France.

L'arme est à percussion rectiligne le chien frappant sur la queue de percuteur ramené en arrière par un ressort.

Il s'agit d'un percuteur appuyé et non à rebondissement, comme sur le revolver Colt 1873. Le chien étant à l'abattu, le percuteur fait saillie.

Seulement, H.S. a prévu une position du chien dite de port/transport qui permet que le chien ne fasse pas saillie avec un effort du ressort bien inférieur à celui qu'impose une position à la sûreté (demi-armé). On le voit bien sur cette image, le chien est légèrement armé et le percuteur ne fait pas saillie.
Comme pour la position de sûreté, il faut armer le chien pour le dégager de cette position. Ainsi, comme à la sûreté, si l'arme tombe alors que le chien est en position de port/transport, le percuteur ne peut frapper l'amorce. Ici, le bourrelet de la cartouche. Alors, pourquoi prévoir cette position que semble faire doublon avec la sûreté ? L'image suivante permet de répondre.

En position de transport, le verrou de barillet n'est pas effacé. Cela signifie que le barillet a en permanence une chambre en face du canon. Au passage, notez le diamètre d'entrée du cône de forcement. Il est de 7 mm pour un canon qui est à 5,48 mm au fond des rayures. Autant dire qu'un léger décalage d'indexation n'est pas dangereux. Et avec de la percussion annulaire qui permet le tir avec un débattement plus large que ne le fait la percussion centrale avec des amorces "small pistol", la chose n'est pas négligeable. La balle passe de toute façon dans le canon et seule la présence de copeaux de plomb et la perte de précision sont les indices d'alerte de la nécessité d'une réparation.

À l'abattu, le verrou bloque le barillet, comme dans la position transport,

à l'armé aussi ce n'est donc qu'à la sûreté que le barillet tourne, faisant cliqueter l'ergot de rochet souvent appelé "élévateur" de barillet.

Et pour finir, cette hausse "sport" dérivable en élévation et en dérive qui permet d'ajuster l'arme à l’œil du tireur.

Mon travail va être de remettre un guidon de la bonne hauteur sur ce bout de canon esseulé.

Le canon, justement,

Il est assez propre et ne vous lancez pas dans des supputations sur la présence de ce cheveu frisé, cela ne vient pas d'une quelconque walkyrie mais d'un chiffon de laine. Non mais !

Le canon a été raccourci à la suite d'une dégradation accidentelle. C'est ce qu'on m'a dit pour expliquer l'absence de guidon.

J'ai fini de le remettre en état. J'ai fait mes premiers tirs en chargeant le barillet à cinq coups et non à six. J'ai retouché le départ parce qu'il grattait trop et même habitué aux départs des armes de guerre j'avais tout de même une nette tendance à donner des coups de doigt. Et comme j'ai reçu mon autorisation de catégorie B, je tenais à pouvoir essayer le tir à 25 m dans on club. J'ai essayé cet après midi chez moi à 18 m (intérieur de grange). Je vous passe les cartons de réglage en direction puis en hauteur et voici après une bonne pause mes deux cartons de l’essai final. Plus tard je mettrai en ligne les photos et l'explication de la remise en état.


L'inconvénient avec ces cartons qui m'ont été donnés avec l'arme, c'est qu'ils ont tendance à se déchirer lorsque les impacts sont trop proches ce qui est le cas avec les numéros 3, 4 et 5 du carton du haut. J'ai eu du mal à trouver des 22 court et j'ai pris ce que je trouvais, des Sellier & Bellot qui marchent ma fois assez bien dans un revolver mais claquent moins que les Winchester qui me restaient d'il y a vingt ans où je les tirais dans un Unique DES VO de mon club.

Même remarque en ce qui concerne les déchirures avec les impacts 3 et 5 du carton du bas. J'aime bien les 22 Z ou les courtes lorsque je tire dans ma grange. C'est moins bruyant que les 22 ordinaires et à plus forte raison que les supersoniques Winchester cuivrées ou que les Stinger. Mais finalement je suis agréablement surpris des résultats que permet ce revolver. Bon, il est vrai qu'avant la reprise du cran de l’armé du chien, ce n'était pas la même chose. Mais le tir sur étau m'avait montré que malgré un cône forcement assez large l'arme groupe bien. Reprendre le cran de l'armé du chien servait donc à quelque chose. Dans un prochain post, j'exposerai la remise en état et notamment la mise en place du guidon qui m'a été aimablement fourni avec plusieurs autres pièces de rechange par un membre du forum qui se reconnaîtra et que je remercie ici.

Voici les images du cadeau. D'abord une vue du côté gauche avec à nouveau un guidon au bout du canon. Un guidon d'origine pour une même arme mais mono-coup pour la vente dans les pays autorisant les armes de poing à un coup ce qui était le cas de la France alors.


Notez aussi, par rapport à la vue du début de ce fil, l'anneau de dragonne mis en place au pied de crosse, là où on met un anneau de calotte sur les pistolets à crosse arrondie en bas.

Voici un détail de cet anneau fabriqué maison qui pivote à 360° autour de son axe ce qui évite l'entortillement de la dragonne. Lorsque je portais mon MAC 50 en opération, on nous fournissait une chaîne de presque un mètre de long pour accrocher l'arme au ceinturon. Sage précaution. Mais cette chaîne qu'il fallait enfourner dans la poche du pantalon de treillis avait un mousqueton sans émerillon. Je vous raconte pas les torsades. Bien sûr ma chaîne restait au fond de ma cantine et j'utilisais la dragonne en lanière de cuir avec mousqueton intelligent parce qu'il faut attacher l'arme. Rien de plus con que de la perdre parce qu'on n'a pas fait gaffe qu'en passant des un buisson touffu ou en passant la porte de l'avion avec tout le barda, on a ouvert par mégarde le rabat de l'étui à pistolet. Alors pour mes armes perso, il y a toujours un anneau à dragonne. Tournant librement, œuf corse.


Voici ci-dessous le détail du montage du bloc guidon :


Continuons. J'avais un souci d'indexation. En fait à l'examen, le rochet du barillet avait deux crans fort émoussés. J'ai donc arasé au tour le rochet et j'en ai rapporté un nouveau indexé à la pointe sèche et ensuite travaillé à la lime d'ajusteur.


Le grossissement et le flash ne flattent pas le travail et on devine mal les rampes inclinées et les parties planes du plateau de rochet mais l'arme fonctionne maintenant à nouveau normalement.

Et voici pour finir le jeu de pièces détachées qu'un membre du forum m'a gentiment envoyées. Elles viennent d'un revolver à un coup de la même marque que ce six-coups, mais à part le doigt de rochet (qu'on appelle usuellement élévateur sur les fora, je ne sais pas pourquoi) toutes sont fonctionnelles sur le "cadeau".


1 : Détente. 2 : Arrêtoir de barillet (on voit mal les deux côtés qui font lames-ressorts. 3 : Vis poussoir de l’arrêtoir d'axe de barillet.
4 : Gâche d'arrêt de la portière de barillet. 5 : Percuteur de rechange. 6 : Axe de barillet. 7 : Portière de barillet.
8 : Chien. 9 : Doigt de rochet de barillet (adapté à un barillet mon-coup mais usinable au cas où) 10 : Ressort bilame de rappel de détente et de verrou de barillet. 11 : Vis de rechange de bloc guidon. 12 : Grand ressort et son axe.

Merci encore au généreux donateur qui avait démonté ces pièces sur son mono-coup avant de le porter chez un armurier à des fins de destruction lorsque celui-ci se trouva classé en 4^e catégorie. Le revolver, pas l'armurier !

C'est sûr que la précision est différente lorsqu'on change de barillet.
En ce qui concerne la rénovation du rochet de ton barillet, la méthode que j'ai utilisée n'est peut-être pas adéquate. Pour bien faire, il faudrait que tu m'indiques les conséquences de l'usure des crans du rochet sur le fonctionnement de l'arme et que tu joignes des photos en gros plan de l'arrière du barillet. Pour éviter d'encombrer le forum, voyons ça en M.P.