De la comparaison entre les armes civiles américaines et européennes

Comme suite à mon précédent post de ce jour, je voudrais commencer par vous faire part des différences qui m'ont sauté aux yeux en comparant les armes américaines du 19ème siècle que j'ai eu l'occasion de manipuler, par comparaison à leurs homologues européennes.

Tout d'abord, quand on a l'occasion de toucher des armes civiles françaises de cette époque, qu'elles soient presque neuves ou bien oxydées, on peut la plupart du temps constater qu'elles doivent avoir surtout servi à rassurer leur possesseur, mais qu'elles ont dû assez rarement faire parler la poudre !

A contrario, avec les armes américaines, on voit tout de suite qu'elles ont pour la plupart très souvent servi (que ce soit comme moyen d'assurer sa survie ou plus simplement en leur faisant jouer le rôle de simple outil), et qu'elles accompagnaient journellement leur propriétaire, plutôt que de rester dans le tiroir de la table de nuit !

En effet, comme vous le verrez sur les photos ci-dessous, j'ai pu constater sur la majorité de ces armes :

- des rayures de canon souvent bien usées et des entrefers parfois importants, indiquant de nombreux tirs. Malgré cela et malgré l'usage de poudre noire corrosive, l'intérieur des chambres et des canons est très rarement piqué en profondeur (sauf sur les petites armes de poche style "derringer"), ce qui indique également un certain soin dans leur entretien après tir, afin d'assurer la continuité de leur raison d'être ;

- des traces de coups montrant que la crosse a souvent servi de marteau, ou qu'on a utilisé souvent un peu n'importe quoi pour faire sortir la clavette des Colts afin de remplacer rapidement un barillet vide par un barillet chargé ;

-d'autres traces de coups sur les canons ou les barillets indiquant le peu de préoccupation du propriétaire pour l'aspect "esthétique" de l'arme (ou tout simplement parce qu'une arme qu'on porte tous les jours au côté pendant très longtemps ne peut en aucun cas conserver l'aspect du neuf), alors que le moelleux des mécanismes ainsi que le peu de jeu constaté au niveau des barillets indiquent là aussi un entretien  et un graissage régulier de ces mécanismes ;

- les plots de sécurité à l'arrière des barillets permettant de faire reposer le chien entre deux chambres sont usés jusqu'à disparition quasi-totale sur presque tous les Colts que j'ai vus. De la même façon, le frottement du barillet contre le cuir de l'étui ou de la ceinture a dans la plupart des cas fait disparaitre totalement ou pour partie la scène gravée sur ce barillet.

Voici mes 3 exemples :


Colt Pocket 1849


Console de canon du 1849


Colt Police 1862


Crosse du 1862 montrant un usage régulier comme marteau


Traces de coups sur le barillet du 1862


Colt Pocket Navy 1865


Crosse du 1865 avec encore la trace de plusieurs clous enfoncés avec


Console de canon du 1865


Traces de coups sur le canon et le barillet du 1865

Bien que je ne pratique plus le tir et que je ne veuille de toutes façons pas tirer avec ces armes, je peux vous assurer que leur aspect extérieur est trompeur, et que les 3 sont encore en parfait état de tir, et même de tirs de précision (du moins autant que lorsque elles étaient neuves.

En conclusion, je crois que l'examen de ces armes (et de bien d'autres que j'ai eu l'occasion de voir chez les antiquaires spécialisés) démontrent si besoin était que l'histoire qui nous passionne n'a rien d'une légende, et que, pour beaucoup d'américains de cette époque, sortir "couvert" était vraiment une nécessité !

Objets inanimés avez-vous donc une âme...

Objets inanimés avez-vous donc une âme...

Si seulement ils pouvaient parler !

Merci pour cette analyse et cette présentation

+1

Sujet très particulier mais ta présentation le rend très intéressant Pat!
ça vaut 1 kill et une tournée de Crown Royal Black !

Dommage que tu n'aies gardé aucune réplique, Patibulaire. Il aurait été intéressant, comme tu l'as fait pour le Deringer de comparer la réplique et l'original.
Qu'il s'agisse d'un original ou d'une réplique, les traces de son vécu ajoutent pour moi à son intérêt.
Sur une réplique, les coups autour du débouché de la clavette ou les marques d'utilisation en guise de marteau sous la poignée de crosse n'apportent rien, bien au contraire, car ils ont été à l'évidence ajoutés soit exprès soit par un manque de respect pour le matériel. Sur un original, ils sont très probablement les témoignages de son utilisation en conditions réelles.
Par contre, sur une réplique, quelques écailles ou éraflures sur le vernis du bois, une certaine patine du laiton, une usure d'usage du bronzage, montrent qu'elle n'a pas passé sa vie dans une vitrine, mais a été manipulée, portée, frottée, en un mot qu'elle a vécu une vie "normale", et lui ajoutent à mes yeux la valeur de la chose d'usage.

Ringo a écrit:Dommage que tu n'aies gardé aucune réplique, Patibulaire. Il aurait été intéressant, comme tu l'as fait pour le Deringer de comparer la réplique et l'original.
Qu'il s'agisse d'un original ou d'une réplique, les traces de son vécu ajoutent pour moi à son intérêt.
Sur une réplique, les coups autour du débouché de la clavette ou les marques d'utilisation en guise de marteau sous la poignée de crosse n'apportent rien, bien au contraire, car ils ont été à l'évidence ajoutés soit exprès soit par un manque de respect pour le matériel. Sur un original, ils sont très probablement les témoignages de son utilisation en conditions réelles.
Par contre, sur une réplique, quelques écailles ou éraflures sur le vernis du bois, une certaine patine du laiton, une usure d'usage du bronzage, montrent qu'elle n'a pas passé sa vie dans une vitrine, mais a été manipulée, portée, frottée, en un mot qu'elle a vécu une vie "normale", et lui ajoutent à mes yeux la valeur de la chose d'usage.

D'accord avec toi, Ringo, j'aurais aimé conserver toutes mes répliques, mais il fallait bien financer l'achat des originaux d'une part, et il aurait fallu d'autre part que j'aie chez moi plus de place (sans compter les scènes avec Madame qui n'en peut plus de voir son intérieur envahi par les armes !).

Mais rassure-toi, j'ai quand même conservé un Colt 1851 2ème génération (j'espère que tu seras sensible à mon choix...), un Starr DA, 4 Remingtons (1 New Army 1863 et 3 Pockets de différents modèles), un Colt Root pour comparer avec l'original que j'ai également (là aussi, chapeau à Palmetto bien qu'il s'agisse de 2 modèles différents limitant la comparaison).

Par ailleurs, en matière d'armes longues, j'ai toujours une réplique de carabine Sharps 1863, ainsi que les Kentuckies et Hawkens fabriqués de mes mains et dont j'ai déjà posté les photos sur le ROW.

Bon, ça me rassure de voir que tu n'es pas entièrement démuni...
Je suis assez content de constater aussi que tu ne tires pas à vue sur Palmetto, comme ça semble être le cas de pas mal de monde sur les forums.
Je suis sûr que si tu n'en avais gardé qu'un, ç’aurait été un 1851, même si on peut longuement discuter le statut des "deuxième génération" : originaux ou répliques ? Colt ou italiens ? ...

Ringo a écrit:Bon, ça me rassure de voir que tu n'es pas entièrement démuni...
Je suis assez content de constater aussi que tu ne tires pas à vue sur Palmetto, comme ça semble être le cas de pas mal de monde sur les forums.
Je suis sûr que si tu n'en avais gardé qu'un, ç’aurait été un 1851, même si on peut longuement discuter le statut des "deuxième génération" : originaux ou répliques ? Colt ou italiens ? ...

Il est hors de doute que 100 % des pièces des Colts de 2ème et 3ème génération proviennent de chez Uberti ! La seule différence entre ces deux générations était que la deuxième était montée et finie chez Colt (la qualité de cette finition est sans comparaison par rapport aux productions Uberti ou même à celle des 3ème génération), alors que pour les 3ème génération, même le montage a été fait chez Uberti (et ce malgré ce qu'on a essayé de faire croire aux acheteurs avec une soi-disant filiale créée spécialement par Colt pour les produire...).