sharps 45/70 pour le tir du brocard en été

Très intéressant témoignage. Avant de donner un avis sur les raisons de l'effet de ce projectile sur ce brocard, je voudrais savoir si tu as tiré à poudre noire ou à psf. Pas de racisme anti psf de ma part, c'est ce que je tire avec ma Winch 1873 en 44-40. Mais le calibre 45-70 a une balistique très intéressante avec les deux types de poudre et je suis intéressé par ta réponse.

Une balle de 20 grammes à vitesse relativement réduite a un effet de choc important surtout sur un animal léger (28 kg) mais elle a un effet hydrodynamique plus faible qu'une balle à très haute vitesse. C'est pourquoi les dégâts sur la vénerie sont moindres. A cent mètres cette cartouche est particulièrement adaptée à ce gibier. Elle aurait aussi sans doute fait parfaitement l'affaire sur un animal plus gros.

A ceci près que la mesure en joules est l’énergie initiale à la bouche et non la puissance qui se mesure en Watt ou multiples du Watt. L'énergie à la sortie de la bouche est intéressante pour comparer les quantités de mouvement au départ de deux projectiles et comparer les reculs théoriques en combinant l'énergie - en joules - et la masse de l'arme en kilos.
Seulement si au départ du coup on prend en compte la quantité de mouvement - action et réaction - d'un projectile et de son lanceur, une fois qu'on arrive à l'impact ce qui compte est l'énergie cinétique résiduelle et pour les effets vulnérants, la déformation du projectile.
Une balle à fort freinage aérodynamique et lourde partira, à vitesses initiales égales, avec une énergie en joules supérieure à celle d'une balle plus légère mais si cette dernière a un meilleur coefficient de pénétration dans l'air elle arrivera avec une vitesse résiduelle plus élevée. Or, comme l'énergie cinétique est proportionnelle à la masse du mobile et au carré de sa vitesse résiduelle, on comprend bien que la vitesse résiduelle est très importante, et peut surpasser l'effet de la masse.
Hélas, tout n'est pas si simple. Parce que si une balle plus pénétrante dans l'air qu'une autre frappe un gibier, elle va le traverser en "bousculant" moins la vènerie que celle qui arrive plus lentement. Ainsi, elle "lâchera" moins d'énergie dans la bête que celle qui arrive plus lentement mais qui bousculera davantage la viande. C'est l'histoire de l'opposition entre la puissance d'arrêt et le coefficient de pénétration.
Et cette histoire est assez compliquée parce que, par exemple une balle, de 300 Win Magnum qui arrive dans une bête à 1200 m/s va bien sûr libérer de l'énergie, mais elle va surtout laisser un "sillage" d'onde de choc hypersonique (Mach 4) qui va créer un énorme projectile organique constitué de masse de viande, d'esquilles d'os et de sang qui multipliera la masse du projectile de façon considérable. Mais gâtera une vènerie trop légère.
Comme la physiologie est la géographie intérieure et extérieure des gibiers, on conçoit que les cartouches ont leurs gibiers de prédilection, qu'aucune n'est universelle et qu'elles donnent en général satisfaction aux chasseurs qui les utilisent à bon escient. La chasse est un art, c'est à dire l'association de données physiques complexes que le chasseur combine comme le médecin combine la théorie de ses études avec la pratique de son expérience. Un chasseur, comme un médecin, n'est pas seulement un technicien, c'est ce genre d'artiste que l'on nomme un praticien.
En ce qui me concerne, bien que passionné par la chasse et très sympathisant des chasseurs, je ne suis pas chasseur. Je peux donc dire du bien de cette confrérie indispensable aux équilibres naturels.
Souvenons-nous que l'arme du chasseur n'est pas le lanceur mais bien le projectile comme l'arme de l'artilleur c'est obus et non la pièce qui le tire.