LE SMITH & WESSON 1 1/2 TRANSITION MODEL OU LE PIEGE DES BIDOUILLEURS

Après le succès de son modèle n° 2 en calibre .32 à percussion annulaire, auprès notamment des officiers pendant la guerre de sécession, Smith & Wesson sorti en 1865 son modèle 1 1/2 (ainsi nommé parce que la carcasse est un peu plus petite que celle du n° 2) « First issue », toujours en calibre .32, mais avec un barillet à 5 coups au lieu de 6. Le voici ci-dessous :



Trois années après, en 1868, sortit le  « Second issue », qui avait entre autres pour particularités, par rapport au First issue, d’avoir une poignée en bec de corbin au lieu d’une poignée à base plate,  un barillet flûté au lieu de plein et un canon rond au lieu d’octogonal. Le voila :



Mais il restait dans les ateliers des barillets et des canons de First issue inutilisés et, un sou étant un sou (ou plutôt un cent étant un cent), Smith & Wesson décidèrent de les utiliser en créant un « Transition Model ».
Ce Transition Model, composé d’un barillet et d’un canon de First issue montés sur une carcasse de Second issue, fut fabriqué à seulement 650 exemplaires entre février et mars 1869 ( dont 450 livrés au Japon).
Un siècle plus tard, des petits malins se dirent qu’il leur serait facile de se procurer 2 revolvers modèle 1 1/2, un First issue et un Second issue, plutôt courants, pour fabriquer un Transition model, beaucoup plus rare et recherché, tel celui ci-dessous :



Hélas pour eux, les choses ne furent pas aussi faciles qu’ils le pensaient, et ce pour les deux principales raisons suivantes :
1) le First issue avait la came arrêtoir de barillet placée à la base de la carcasse, ce qui fait que, le barillet ayant 5 chambres, les encoches étaient décalées par rapport aux chambres, alors que le Second issue étant revenu à la came placée en haut de la carcasse (comme sur les précédents modèles n° 1 et 2), les encoches étaient placées en face des chambres ;


A gauche, le barillet du First issue avec ses encoches décalées et à droite, celui du Transition model


Comme le montre la photo du dessus de la carcasse, on était revenu sur le Second issue à une came arrêtoir située au-dessus du barillet, comme sur les modèles n° 1 en cal.22 et n° 2. Le dispositif replacé en-dessous du barillet sur le First issue avait en effet eu pour conséquence de compliquer et fragiliser l'arme, et c'est pourquoi il fut très vite abandonné.

2) la base de la carcasse, sur laquelle vient s’enclencher le verrou du canon, est beaucoup plus étroite sur la carcasse du Second issue que sur celle du First issue et, s’il aurait été possible de limer une base trop large, il était en revanche impossible de ré-élargir une base trop étroite.


A gauche la carcasse du First issue et à droite, celle du Second issue (on voit devant la détente du First issue le dispositif de came arrêtoir du barillet placé en-dessous de ce dernier)

Les bidouilleurs en furent ainsi pour leurs frais, pour le plus grand bonheur des amateurs qui purent ainsi se réjouir d’avoir enfin trouvé le « Transition Model » manquant à leur collection, sans avoir à craindre d'être tombé sur une bidouille (à moins bien sûr que le bidouilleur ait été un as de la bricole !) .

Salut..
Excellent topo sur un petit engin assez peu connu au fond..

Dire que pendant longtemps S&W n'a pas dépassé ce calibre de 32 RF

Au point que les n° 1 en 22 les gens disait qu'il tirait des balles homéopatiques car ressemblant aux pillules 'balle ronde en plomb' On comprend pourquois S&W ne vendait pas à l'army... et n'a jamais vraiment vendu a part les 7 ou 8000 Schofield

Pourtant durant la civil war pas mal d'officiers utilisaient a tire perso le N°2 en 32 RF

Le N°2 32 RF

Blackbarth, si le .22 court devait être effectivement relativement "homéopathique", ce ne devait quand même pas être le cas pour le .32 RF long chambré tant par le N° 1 1/2 que par le n° 2, car l'étui est nettement plus long que celui du .32SW à percussion centrale qui l'a suivi et qui a perduré longtemps, même chez nous sous le nom de 7,65.

Merci pour cette excellente présentation, Patibulaire. Les photos sont parlantes et complètent parfaitement les explications. L'angle de la bidouille impossible (ou pratiquement) est de plus original et très intéressant.
Tout ceci vaut bien un kill !
  

Bien d'accord, merci Pat  .

joli post, merci pour tous.  

Patibulaire a écrit:Blackbarth, si le .22 court devait être effectivement relativement "homéopathique", ce ne devait quand même pas être le cas pour le .32 RF long chambré tant par le N° 1 1/2 que par le n° 2, car l'étui est nettement plus long que celui du .32SW à percussion centrale qui l'a suivi et qui a perduré longtemps, même chez nous sous le nom de 7,65.

Ah oui en effet le constat de faiblesse ne vaut que pour le 22 en ce qui concerne les 32 ils sont pas anémiques j'ai eu l'occasion à plusieurs reprise de tirer avec des 32 RF en PN ca marche pas mal et ce n'est pas ridicule..
Surtout si on applique les régles qu'ils appliquaient utilisant de la poudre surfine dans les douilles..