Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
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Répliques Old West :: EGLISE :: L'école
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Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
Tandis que Lincoln achevait de mourir, Stanton, le ministre de la
Guerre, qui était présent, dit: « Voilà le plus parfait meneur
d’hommes que le monde ait jamais connu.
Quel fut le secret de Lincoln? Comment s’y prenait-il pour avoir
une telle emprise sur les êtres ? Pendant dix ans, j’ai étudié la vie
d’Abraham Lincoln, j’ai passé trois ans à écrire un livre intitulé
Lincoln l’inconnu. Je crois avoir fait de sa personnalité, de sa vie
intime, une étude aussi détaillée et complète qu’il était
humainement possible de le faire. J’ai spécialement analysé les
méthodes qu’il appliquait dans ses rapports avec ses semblables.
Aimait-il critiquer? Oh ! Oui. Au temps de sa jeunesse, quand il
habitait Pigeon Creek Valley, dans l’Etat d’Indiana, il allait jusqu’à
écrire des épigrammes, des lettres, dans lesquelles il ridiculisait
certaines personnes, et qu’il laissait tomber sur les routes,
espérant que les intéressés les trouveraient. L’une de ces lettres
suscita des rancunes qui durèrent toute une vie.
Et même, devenu plus tard avoué à Springfield, dans l’Illinois, il
provoquait ses adversaires dans des lettres ouvertes aux journaux.
Un jour vint où la mesure fut comble...
En 1842, il s’attaqua à un politicien irlandais vaniteux et batailleur,
du nom de James Shields. Il le ridiculisa outrageusement dans le
Springfield Journal. Un rire immense secoua la ville. Shields, fier et
susceptible, bondit sous l’outrage. Il découvrit l’auteur de la lettre,
sauta sur son cheval, trouva Lincoln et le provoqua en duel.
Lincoln ne voulait pas se battre:
Il était opposé au duel, mais il ne pouvait l’éviter et sauver son
honneur. On lui laissa le choix des armes. Comme il avait de longs
bras, il se décida pour l’épée de cavalerie et prit des leçons
d’escrime. Au jour dit, les deux adversaires se rencontrèrent sur
les bords du Mississippi, prêts à se battre jusqu’à la mort.
Heureusement, à la dernière minute, les témoins intervinrent et
arrêtèrent le duel.
Ce fut l’incident le plus tragique de la vie privée de Lincoln. Il en
tira une précieuse leçon sur la manière de traiter ses semblables.
Jamais plus il n’écrivit une lettre d’insultes ou de sarcasmes. A
partir de ce moment, il se garda de critiquer les autres.
Pendant la guerre de Sécession, Lincoln dut, à maintes reprises,
changer les généraux qui étaient à la tête de l’armée du Potomac ;
à tour de rôle, ils commettaient de funestes erreurs et plongeaient
Lincoln dans le désespoir. La moitié du pays maudissait
férocement ces généraux incapables. Cependant, Lincoln, «sans
malice aucune et charitable envers tous », restait modéré dans ses
propos. Une de ses citations préférées était celle-ci : « Ne juge
point si tu ne veux point être jugé. »
Et lorsque Mrs Lincoln ou d’autres blâmaient sévèrement les
Sudistes, Lincoln répondait : « Ne les condamnez point; dans les
mêmes circonstances, nous aurions agi exactement comme eux. »
Cependant, si jamais homme eut lieu de critiquer, ce fut bien
Lincoln. Lisez plutôt ceci:
La bataille de Gettysburg se poursuivit pendant les trois premiers
jours de juillet 1863. Dans la nuit du 4, le général Lee ordonna la
retraite vers le sud, tan dis que des pluies torrentielles noyaient le
pays. Quand Lee atteignit le Potomac à la tête de son armée
vaincue, il fut arrêté par le fleuve grossi et infranchissable.
Derrière lui, se trouvait l’armée victorieuse des Nordistes. Il se
trouvait pris dans un piège. La fuite était impossible. Lincoln
comprit cela; il aperçut cette chance unique, cette aubaine
inespérée : la possibilité de capturer Lee immédiate ment et de
mettre un terme aux hostilités. Alors, plein d’un immense espoir, il
télégraphia au général Meade d’attaquer sur l’heure sans réunir le
Conseil de guerre. De plus il envoya un messager pour confirmer
son ordre.
Et que fit le général Meade? Il fit exactement le contraire de ce
qu’on lui demandait. Il réunit un Conseil de guerre malgré la
défense de Lincoln. Il hésita, tergiversa. Il refusa finalement
d’attaquer Lee. Pendant ce temps, les eaux se retirèrent et Lee put
s’échapper avec ses hommes au-delà du Potomac.
Lincoln était furieux. « Grands dieux! Nous les tenions ; nous
n’avions qu’à étendre la main pour les cueillir et pourtant, malgré
mes ordres pressants, notre armée n’a rien fait. Dans des
circonstances pareilles, n’importe quel général aurait pu vaincre
Lee. Moi-même, si j’avais été là-bas, j’aurais pu le battre ! »
Plein de rancune, Lincoln écrivit à Meade la lettre suivante.
Rappelez-vous qu’à cette époque de sa vie, il était très tolérant et
fort modéré dans ses paroles.
Ces lignes constituaient donc, pour un homme comme lui, le plus
amer des reproches:
Mon Général,
« Je ne crois pas que vous appréciez toute l’étendue du
désastre causé par la fuite de Lee. Il était à portée de main et, si
vous l’aviez attaqué, votre prompt assaut, succédant à nos
précédentes victoires, aurait amené à la fin de la guerre.
Maintenant, au contraire, elle va se prolonger indéfiniment. Si
vous n’avez pu combattre Lee, lundi dernier, comment pourrez
vous l’attaquer de l’autre côté du fleuve, avec deux tiers
seulement des forces dont vous disposiez alors ? Il ne serait pas
raisonnable d’espérer, et je n ‘espère pas, que vous pourrez
accomplir maintenant des progrès sensibles. Votre plus belle
chance est passée, et vous m’en voyez infiniment désolé. »
Que fit, à votre avis, Meade, en lisant cette lettre? Meade ne vit
jamais cette lettre. Lincoln ne l’expédia pas. Elle fut trouvée dans
ses papiers après sa mort.
Je suppose, ce n’est qu’une supposition, qu’après avoir terminé sa
missive, Lincoln se mit à regarder par la fenêtre et se dit: «Un
moment... Ne soyons pas si pressé... Il m’est facile, à moi, assis
tranquille ment à la Maison-Blanche, de commander à Meade
d’attaquer ; mais si j’avais été à Gettysburg, et si j’avais vu autant
de sang que Meade en a vu, si mes oreilles avaient été
transpercées par les cris des blessés et des mourants, peut-être,
comme lui, aurais-je montré moins d’ardeur à courir à l’assaut. Si
j’avais le caractère timide de Meade, j’aurais sans doute agi
comme lui. Enfin, ce qui est fait est fait. Si je lui envoie cette
lettre, cela me soulagera, mais cela lui donnera l’envie de se
justifier : c’est moi qu’il condamnera. Il aura contre moi de
l’hostilité et du ressentiment : il perdra la confiance en lui-même,
sans laquelle il n’est pas de chef, et peut-être en viendra-t-il
même à quitter l’armée. »
C’est pourquoi, comme je l’ai dit plus haut, Lincoln rangea sa
lettre, car une amère expérience lui avait appris que les reproches
et les accusations sévères demeurent presque toujours vains.
Théodore Roosevelt racontait qu’au temps de sa présidence,
lorsqu’il se trouvait en face de quelque conjoncture
embarrassante, il s’adossait à son fauteuil, levait les yeux vers un
grand portrait de Lincoln suspendu au mur, et se disait : « Que
ferait Lincoln s’il était à ma place? Comment résoudrait-il ce
problème? »
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Un petit oiseau tout jeune, avec à peine quelques plumes, tombe du nid .... il a froid trés froid, et il crie : " pipiyou !!! pipiyou !!! "
Alors une vache passant par là, vient déposer une énorme bouse sur lui, il se retrouve alors recouvert de merde , mais bien au chaud !
Puis un coyote vint à croiser son chemin, il aperçoit le petit oiseau, le sort de sa bouse par une patte, l' essuie délicatement de l'autre.... et l' avale tout cru !
moralité : celui qui te fout dans la merde ne le fait pas forcement pour te faire du mal , mais celui qui t' en sort ne le fait pas forcement pour ton bien ! Dans tout les cas quand tu es dans la merde apprend à fermer ta gueule.
extrait de " mon nom est personne " avec Terence Hill
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Re: Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
Papysharps a écrit:Avais jamais vu, merci m'sieur.
Salut Papysharps,j'ai également trouvé une lettre de Lincoln écrite à l'institutrice de son fils,je pense que tu dois certainement la connaitre, personnellement je trouve le style un peux pompeux mais pour l'époque cela devais être la norme.
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Un petit oiseau tout jeune, avec à peine quelques plumes, tombe du nid .... il a froid trés froid, et il crie : " pipiyou !!! pipiyou !!! "
Alors une vache passant par là, vient déposer une énorme bouse sur lui, il se retrouve alors recouvert de merde , mais bien au chaud !
Puis un coyote vint à croiser son chemin, il aperçoit le petit oiseau, le sort de sa bouse par une patte, l' essuie délicatement de l'autre.... et l' avale tout cru !
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Re: Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
Un vrai régal, REDSILVER !!!! Où peut-on trouver ton ouvrage SVP ???
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Re: Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
JERRY SPRING a écrit:Un vrai régal, REDSILVER !!!! Où peut-on trouver ton ouvrage SVP ???
Salut Jerry Spring,
Je me suis souvenu avoir lu quelques choses sur Lincoln il y a une vingtaine d'année,j'ai retrouvé le livre d'ou est tiré cet extrait.dans ce livre il y a beaucoup d’anecdote sur des hommes célèbres et une ou deux font référence à Abraham Lincoln.
Ce livre à été écrit par Dale Carnagie dans les années 2O le titre est "comment ce faire des amis".
Autre extrait:
Pendant les heures les plus sombres de la guerre de Sécession,
Lincoln écrivit à un vieil ami à Springfield, dans l’Illinois, pour le
prier de venir le voir à Washington: il désirait s’entretenir avec lui
de certains problèmes. L’ami se présenta à la Maison- Blanche et
Lincoln lui parla durant plusieurs heures de la proclamation qu’il
envisageait de publier pour la libération des esclaves, il révisa un à
un tous les arguments qu’il connaissait pour et contre cette loi; il
relut toutes les lettres et tous les articles traitant de la question,
dont certains le dénonçaient parce qu’il n’avait pas encore
supprimé l’esclavage et d’autres l’attaquaient de crainte qu’il ne
l’abolît. Après avoir longuement discouru, Lincoln serra les mains
de son vieux voisin, lui souhaita le bonsoir et le renvoya dans son
116
Illinois sans même lui avoir demandé son opinion. Lincoln avait
parlé, il s’était débarrassé de toutes les réflexions qui l’accablaient.
Apparemment, cela lui avait clarifié l’esprit. « II paraissait plus
calme quand il eut fini », dit le vieil homme.
Lincoln n’avait pas besoin d’un conseiller, ce qu’il voulait, c’était un
auditeur amical, compréhensif, sur lequel il pourrait se décharger
de son fardeau. N’est- ce pas là ce que nous cherchons tous,
lorsque nous sommes dans la peine? C’est aussi ce que cherchent
fréquemment le client irrité, l’employé mécontent ou l’ami blessé.
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extrait de " mon nom est personne " avec Terence Hill
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Simple coïncidence ou quelque chose de plus profond ?
Considérez ceci...
Abraham Lincoln fut élu au Congrès en 1846.
John F. Kennedy fut élu au Congrès en 1946.
Abraham Lincoln fut élu Président en 1860.
John F. Kennedy fut élu Président en 1960.
Les noms Lincoln et Kennedy sont composés chacun de 7 lettres.
Les deux furent très attachés à la défense des droits de l’Homme.
Les épouses des deux Présidents perdirent un fils alors qu’elles vivaient à la Maison Blanche.
Les deux Présidents perdirent la vie un vendredi.
Les deux Présidents furent tués d'une balle derrière la tête.
Voici une coïncidence intéressante...
La secrétaire de Lincoln s’appelait Kennedy.
La secrétaire de Kennedy s’appelait Lincoln.
Les deux Présidents furent assassinés par des "Sudistes".
Les deux Présidents eurent pour successeurs des "Sudistes".
Les deux successeurs s’appelaient Johnson.
Andrew Johnson, qui succéda à Lincoln, est né en 1808.
Lyndon Johnson, qui succéda à Kennedy, est né en 1908.
John Wilkes Booth, qui assassina Lincoln, est né en 1839.
Lee Harvey Oswald, qui assassina Kennedy, est né en 1939.
Les deux assassins étaient connus par leurs trois noms.
Le total respectif des lettres de leurs trois noms comporte 15 lettres.
Lincoln mourut dans un théatre appelé "Ford".
Kennedy mourut dans une voiture appelée "Ford" Lincoln.
John Wilkes Booth s’échappa d'un théatre et fut attrapé dans un entrepôt.
Lee Harvey Oswald s’échappa d'un entrepôt et fut attrapé dans un théatre.
Booth et Oswald furent les deux assassinés avant leur procès.
Et maintenant voici le fait le plus surprenant . . .
Un mois avant d’être assassiné, Lincoln était en vacances à Monroe, au Maryland.
Un mois avant d’être assassiné, Kennedy était en vacances avec Marilyn Monroe.
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Re: Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
Etonnant, voire....Troublant en effet !!!!!!
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Re: Lettre d'Abraham Lincoln au général Meade.
redsilver a écrit:JERRY SPRING a écrit:Un vrai régal, REDSILVER !!!! Où peut-on trouver ton ouvrage SVP ???
Salut Jerry Spring,
Je me suis souvenu avoir lu quelques choses sur Lincoln il y a une vingtaine d'année,j'ai retrouvé le livre d'ou est tiré cet extrait.dans ce livre il y a beaucoup d’anecdote sur des hommes célèbres et une ou deux font référence à Abraham Lincoln.
Ce livre à été écrit par Dale Carnagie dans les années 2O le titre est "comment ce faire des amis".
Autre extrait:
Pendant les heures les plus sombres de la guerre de Sécession,
Lincoln écrivit à un vieil ami à Springfield, dans l’Illinois, pour le
prier de venir le voir à Washington: il désirait s’entretenir avec lui
de certains problèmes. L’ami se présenta à la Maison- Blanche et
Lincoln lui parla durant plusieurs heures de la proclamation qu’il
envisageait de publier pour la libération des esclaves, il révisa un à
un tous les arguments qu’il connaissait pour et contre cette loi; il
relut toutes les lettres et tous les articles traitant de la question,
dont certains le dénonçaient parce qu’il n’avait pas encore
supprimé l’esclavage et d’autres l’attaquaient de crainte qu’il ne
l’abolît. Après avoir longuement discouru, Lincoln serra les mains
de son vieux voisin, lui souhaita le bonsoir et le renvoya dans son
116
Illinois sans même lui avoir demandé son opinion. Lincoln avait
parlé, il s’était débarrassé de toutes les réflexions qui l’accablaient.
Apparemment, cela lui avait clarifié l’esprit. « II paraissait plus
calme quand il eut fini », dit le vieil homme.
Lincoln n’avait pas besoin d’un conseiller, ce qu’il voulait, c’était un
auditeur amical, compréhensif, sur lequel il pourrait se décharger
de son fardeau. N’est- ce pas là ce que nous cherchons tous,
lorsque nous sommes dans la peine? C’est aussi ce que cherchent
fréquemment le client irrité, l’employé mécontent ou l’ami blessé.
Cela peut se dénommer : " confesseur " !!!!!
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LINCOLN ET L'ESCLAVAGE
1ÈRE PARTIE : des années 1820 à 1860
Lincoln, le plus grand abolitionniste de son temps ? Une image qui reste attachée de manière indissociable à la figure du 16e président des États-Unis. Pourtant, aujourd'hui encore, cette vision des choses demeure parfois contestée. Lincoln, prétendent certains, n'aurait pas aboli l'esclavage par compassion pour les Noirs, mais bien par dessein politique ou - pis – par haine des Sudistes. Il est vrai que certains de ses propos peuvent parfois laisser perplexes les admirateurs de l'illustre président. Mais l'on ne saurait réduire la pensée de Lincoln à quelques formules lapi-daires, le plus souvent sorties de leur contexte. Le chemin qui l'a mené à l'émancipation est long et sinueux. C'est cet itinéraire, commencé dans les années 1820 et terminé en apothéose l'année de son assassinat, que nous vous proposons de retracer grâce aux innombrables documents que Lincoln nous a laissés. ..
L'ombre de l'esclavage a toujours été présente dans la vie d'Abraham Lincoln. Né en 1809 au Kentucky – territoire esclavagiste - le futur président n'a cependant jamais côtoyé directement le monde des plantations. Son père, Thomas Lincoln, charpentier-menuisier de son état, s'était installé en 1808 dans la partie de l’État où les esclaves étaient les moins nombreux. C'est pourtant la concurrence de cette main d’œuvre servile qui contraignit finalement Lincoln père à émigrer en Indiana à l'automne 1816 avec toute sa famille. Et ce n'est sans doute pas un hasard si, peu avant leur départ pour l'Indiana, les parents Lincoln avaient adhéré au Little Mount Baptist Church, groupe baptiste dissident, séparé de la communauté locale à cause de sa condamnation de l'esclavage. Cette appartenance à une communauté religieuse ouvertement opposée à l'esclavage est du reste, note Olivier Frayssé, le seul indice permettant d'affirmer les parents d'Abraham Lincoln étaient antiesclavagistes eux-mêmes . (1)
Les premiers contacts de Lincoln avec l'esclavage
C'est donc en Indiana, au nord de la ligne Mason-Dixon, que s'est formée à partir des années 1820-30 l'opinion d'Abraham Lincoln concernant l'esclavage. Malheureusement, de ces années-là, nous ne conservons aujourd'hui que peu de témoignages directs permettant d'affirmer que le futur président a porté à l'époque un quelconque intérêt pour la question de l'esclavage. Faute de pouvoir déceler les signes précurseurs de l'engagement d'Abraham Lincoln en faveur de l'abolitionnisme, ses premiers biographes n'ont pas hésité à inventer de toutes pièces la façon dont le jeune homme découvrit sa haine de l'esclavage. William H. Herndon forgea ainsi dans les années 1880 une légende selon laquelle Lincoln aurait eu la « révélation » de son antiesclavagisme au cours d'un voyage à la Nouvelle-Orléans en 1828, alors qu'il convoyait un chargement de denrées agricoles. Scandalisé par la mise à l'encan d'une mulâtresse, le jeune Lincoln se serait alors écrié en des termes aujourd'hui reconnus apocryphes: « si jamais l' occa-sion m ' est donnée de porter un coup fatal à cette chose, je le ferai, et je .frapperai fort. »(2) Élaborée tardivement, cette anecdote est tout à fait révélatrice des difficultés qu'ont éprouvé les panégyristes de la fin du 19e siècle pour faire coïncider la figure du jeune garçon de ferme, manifestement peu préoccupé par le sort des esclaves, avec l'image mythique du « Great Emancipator. » (3)
On l'aura compris: il n'est pas aisé de dater avec précision l'apparition de convictions antiesclavagistes chez Lincoln. Il faut remonter à la seconde moitié des années 1830 pour trouver enfin une prise de position tangible en la matière. Son entrée en politique, à partir des années 1830, n'est sans doute pas étrangère à son engagement contre l'esclavage. Un engagement qui s'avère à l'époque limité. Élu député à la législature de l’État de l'Illinois en 1834, Lincoln rejoint alors les rangs du parti whig, pour des raisons totalement indépendantes de la question esclavagiste. C'est cette orientation politique qui détermine par la suite son attitude face à l'esclavage. Dans leur souci de se démarquer de leurs rivaux démocrates, les Whigs se déclarent ouvertement contre l'extension de l'institution particulière dans les terres de l'Ouest. Lincoln se voit donc contraint de s'aligner sur la ligne de son parti - chose qu'il fera manifestement sans mal, car n'oublions pas que l'antiesclavagisme s'inscrit dans son héritage familial. Toutefois, l'esclavage ne préoccupe guère le jeune politicien qu'il est à l'époque. Sa campagne électorale de 1836 ne contient aucune allusion au problème. Ce n'est qu'en mars 1837 qu'il prend pour la première fois publiquement position sur la question. L'occasion lui est donnée par la décision du congrès fédéral d'abolir unilatéralement le commerce des esclaves sur le territoire du District of Columbia. À travers tout le pays, les critiques se déchaînent, notamment au sein de la législature de l'Illinois, dont plusieurs membres démocrates appuient une motion condamnant violemment toute velléité abolitionniste de la part des instances fédérales. Avec le concours d'un autre député whig, Daniel Stone, Lincoln signe en réponse une « Protestation » immédiatement publiée dans le journal de la Chambre des représentants de l'Illinois, dans laquelle il défend le principe de l'abolition, dans la mesure où celle-ci n'enfreint pas la souveraineté des habitants du District (4). Une position bien timide qui démontre qu'à l'époque, Lincoln, en homme de loi, envisage d'abord le problème de l'esclavage sous un angle juridique: à ses yeux, en effet, on ne saurait libérer les esclaves sans porter atteinte au principe sacré de propriété privée, garanti par la Constitution. Sacondamnation morale de l'esclavage ne vient qu'ensuite, et encore celle-ci reste t-elle peu appuyée.
Des convictions antiesclavagistes encore incertaines
Au début des années 1840, Lincoln en est encore à mettre sur un même plan esclavage et alcoolisme. Deux fléaux comparables, selon lui. À lire ses discours, on ne peut manquer d'être étonné par le ton convenu, sans relief qu'il donne à ses tirades contre l'institution servile. Si les termes d'« injustice », de « souillure » reviennent dans ses déclarations publiques à l'époque, ils ne s'accompagnent d'aucun véritable sentiment de compassion pour le sort des esclaves. Lincoln, comme la plupart de ses contemporains, reste insensible aux souffrances des Noirs. Dans une lettre adressée à la sœur de son ami Joshua Fry Speed, en date du 27 septembre 1841, Lincoln relate sans véritable émotion le récit d'une vente d'esclaves à laquelle il lui fut donnée d'assister par hasard lors d'un voyage en vapeur sur le fleuve Ohio; « il n'est rien arrivé d'intéressant pendant mon périple [...] Un gentleman avait acheté une douzaine de Noirs en différents endroits du Kentucky et les emmenait au Sud. Ils étaient enchaînés, par groupe de six, le poignet gauche prit dans une petite manille reliée à une courte chaîne; ces chaînes étaient attachées par intervalles réguliers à la chaîne principale, de sorte que les Noirs étaient accrochés comme des poissons sur une ligne de fond... »(5) On s'étonnera de voir combien le souci du détail « technique » prend ici le pas sur la dimension humaine de la scène. Il est vrai, ont remarqué certains historiens, que Lincoln écrit alors à une femme du Sud et que son propos n'est pas de débattre du bien fondé de l'« institution particulière » - débat qui aurait du reste paru déplacé à une époque où personne (hormis une minorité d'activistes) ne remet en cause l'existence de l'esclavage dans les États du Sud. Pour autant, Lincoln nous apparaît au travers de ce document épistolaire comme un spectateur indifférent, très éloigné de l'image d'homme d’État humaniste que la postérité retiendra…(6)
À partir des années 1840, sa charge d'avocat l'amène à se confronter à l'épineuse question des esclaves fugitifs. Là encore, les opinions exprimées par Lincoln laissent transparaître de nombreuses contradictions, signes d'une réflexion mal aboutie. Ses prises de position confinent à un juridisme borné; même s'il admet que l'esclavage constitue une forme particulière de propriété, celui-ci doit être respecté en tant que tel, au nom de la Constitution. En 1841 pourtant, dans l'affaire Bailey vs. Cromwell, Lincoln plaide avec succès en faveur du droit à la liberté pour tout résident de l’État d'Illinois, quelle que soit sa couleur de peau. Mais quelques années plus tard, en octobre 1847, c'est avec des arguments radicalement contraires qu'il accepte de plaider en faveur d'un propriétaire d'esclaves désireux de se voir restituer son « bien». Lincoln ne cache toutefois pas son embarras et prononce une plaidoirie peu convaincante qui lui fait perdre le procès. Ce résultat ne saurait toutefois exonérer Lincoln d'avoir délibérément pris la défense d'un esclavagiste, alors que rien ne l'y obligeait. Cet épisode démontre une fois encore qu'à la veille de son entrée au Congrès, Lincoln est tout à fait capable de transiger avec ses principes antiesclavagistes...
Les premières prises de position de Lincoln contre l'expansion du système esclavagiste
(1847-1849)
Une première rupture intervient pourtant à la fin des années 1840, à l'occasion de son retour sur la scène politique. Élu représentant en août 1846, Lincoln part siéger au 30e Congrès qui s'ouvre à la fin de l'année 1847, en pleine guerre contre le Mexique. Il est alors âgé de 38 ans. Malgré sa brièveté –un peu plus d'une année -, son passage sur les blancs du Congrès constitue une étape décisive dans sa façon d'appréhender le problème de l'esclavage. Confronté au débat politique national, Lincoln ne tarde pas à mesurer l'importance que revêt la question de l'expansion de l'esclavage dans les territoires de l'Ouest. Sur ce point, il se montre inflexible et rejoint le camp des Free Soilers qui rejettent alors toute annexion susceptible de contribuer au progrès de l'esclavage sur le sol nord-américain. Cela ne contribue pas pour autant à faire de Lincoln un abolitionniste radical. Fidèle à son analyse strictement juridique du problème, il n'entend pas remettre en cause l'existence de l'esclavage là où il existe déjà, à savoir dans les États du Sud. Pourtant, à partir de l'été 1848, sa position évolue. Une fois encore, comme en 1837, le débat autour de l'affranchissement des esclaves au sein du District of Columbia l'amène à préciser sa position. Le 10janvier 1849, il dépose à ce sujet un projet de loi dans lequel il se prononce ouvertement en faveur d'une forme d'émancipation volontaire, assortie de compensations financières pour les propriétaires d'esclaves. Pour les représentants du Sud, la proposition de Lincoln sonne comme une provocation. Parallèlement, le texte prévoit la restitution des esclaves fugitifs à leurs propriétaires, ce qui à l'inverse ne manque pas d'attirer à son auteur les foudres des abolitionnistes radicaux. Au final, la loi reste à l'état de projet; Lincoln quitte peu de temps après le Congrès tandis que reste en suspens le sort des esclaves de Washington D.C. et que promet de s'étendre, à la suite du Traité de Guadalupe-Hidalgo, l'institution servile dans les territoires de l'Ouest ...
Au terme de son mandat de représentant, Lincoln a évolué quant à la question de l'esclavage. Même si elles restent encore profondément empreintes de conservatisme (notamment à propos des esclaves fugitifs), ses opinions se sont précisées et radicalisées. Le futur président semble désormais résolu à combattre l'expansion de l'esclavage dans les nouveaux territoires. Pourtant, après l'adoption du « Compromis de 1850 », l'intérêt de Lincoln pour la politique semble tomber en sommeil. Même s'il continue d'animer le Parti Whig dans l’Illinois, ses interventions publiques se font plus rares. Ce n'est que quatre ans plus tard, en 1854, qu'il descend à nouveau dans l'arène politique. Cette année-là, il est appelé à soutenir la candidature au Congrès du Whig Richard Yates, dans la circonscription de Springfield. Mais les opinions exprimées par Lincoln à cette occasion dépassent très largement le cadre d'un simple discours de circonstances. Dans sa ligne de mire: la loi Kansas-Nebraska, dont le sénateur démocrate de l’Illinois, Stephen Douglas, vient tout juste d'obtenir le vote par le Congrès (30 mai 1854) (7). De son propre aveu, Lincoln aurait été sincèrement indigné par l'adoption de cette loi qui ouvrait laissait la voie libre à l'esclavage dans l'Ouest (8) . Cependant, la plupart des historiens font aujourd'hui remarquer que le brusque et bruyant retour de Lincoln en politique n'était pas dénué d'arrière-pensées électoralistes. En prenant ouvertement position contre cette loi, Lincoln espérait en effet susciter autour de lui un grand élan de popularité susceptible de le propulser, l'année suivante, au poste de sénateur. Quelles que soient les raisons véritables de son implication dans le débat public à l'époque, il n'en demeure pas moins que Lincoln,. au gré des joutes oratoires qui l'opposèrent de 1854 à 1860 au sénateur Douglas, lança une série de vibrants plaidoyers contre l'esclavage qui devaient à terme lui assurer une renommée nationale.
L'esclavage au cœur de la controverse Lincoln-Douglas (1854-1860)
Il ne s'agira pas, dans le cadre de cet article, de retracer l'historique complet de la controverse qui opposa Lincoln et son rival démocrate Douglas à propos des questions relatives à l'esclavage. Nous nous limiterons donc à mettre en évidence les lignes-forces de la pensée de Lincoln qui serviront de canevas à sa future campagne pour l'élection présidentielle. À partir de l'automne 1854, Lincoln se montre beaucoup plus offensif et passionné, signe que sa réflexion a mûri depuis son passage au Congrès. Il entend désormais donner de lui l'image d'un adversaire résolu du système esclavagiste. Ce durcissement de ton est indéniablement motivé par un rejet profond et sincère de l'esclavage. Mais les historiens y voient également un moyen pour Lincoln de se démarquer nettement de son rival Stephen Douglas (beaucoup plus conciliant avec les intérêts esclavagistes) et donc de promouvoir sa propre ascension politique. Du reste, le futur candidat républicain à la Maison-Blanche ne se glisse pas facilement dans la peau de l'idéologue antiesclavagiste : son discours, quoique plus fluide et convaincant, n'en soufre pas moins d'importantes contradictions - une faiblesse que Douglas ne manquera d'ailleurs pas d'exploiter.
L'enjeu -majeur - dont Lincoln et Douglas ont eu à débattre, a été celui de l'expansion de l'esclavage dans les nouveaux territoires. Par principe, les deux orateurs y sont opposés. Mais sur ce point, Douglas fait preuve d'une grande passivité qui exaspère Lincoln. D'après le sénateur démocrate, l'esclavage atteindra tôt ou tard ses « limites naturelles », - il n'est donc pas nécessaire d'entraîner le pays dans un débat aussi dangereux qu'inutile. Lincoln ne partage pas cet avis, rejetant en la matière tout déterminisme historique ou géographique. L'autre aspect du problème porte sur les modalités d'expansion de l'esclavage dans les nouveaux territoires. Pour Douglas, il revient aux colons de légiférer librement sur la question de l'esclavage, comme ils le feraient à propos de n'importe quel autre problème relatif au droit de propriété. Aux yeux de Lincoln, l'argument est irrecevable: laisser choisir les colons, c'est selon lui prendre le risque de pérenniser l'esclavage sur des terres qui devraient en être préservées. Car dans son raisonnement, Lincoln reste fidèle jusqu'au bout au principe « sacré » et inviolable de propriété privée: si l'esclavage devait être établi sur un territoire appelé à rejoindre l'Union, la Constitution n'autoriserait plus par la suite son abolition. C'est pourquoi Lincoln appelle le Congrès à abroger la loi Kansas-Nebras-ka et à revenir aux dispositions prévues par le Compromis du Missouri interdisant toute extension de l'esclavage au nord du 36°30'.
Par ailleurs, Lincoln ne peut s'opposer indéfiniment à l'extension du système esclavagiste sans exposer clairement les raisons qui expliquent sa condamnation de l'esclavage. Pour cela, il se voit contraint de déplacer le débat du terrain juridique sur le plan moral. La lutte contre l'esclavage n'est, selon lui, qu'un épisode supplémentaire du « conflit éternel entre ces deux principes - le bien et le mal - à travers le monde entier »(9) . « Il ne saurait y avoir de droit moral pour un homme d'en asservir un autre », affirme t-il dès le mois d'octobre 1854 dans son célèbre discours de Peoria. Pour s'en convaincre, Lincoln invoque la Déclaration d'Indépendance: « il y a près de quatre-vingt ans, nous avons commencé par déclarer que tous les hommes ont été créés égaux ; mais depuis ce moment-là nous avons glissé vers une autre conception, selon laquelle quelques hommes ont le droit d'en asservir d'autres au nom du principe sacré de « souveraineté populaire ». Ces principes sont incompatibles. Proclamons à nouveau la Déclaration d'indépendance, et avec elle réaffirmons ses principes [...]. » (10) Même argument dans une lettre adressée quelques mois plus tard son ami Joshua F. Speed : « en tant que nation, nous avons commencé par déclarer que « tous les hommes ont été créés égaux ». Nous le comprenons désormais ainsi : « tous les hommes ont été créés égaux, sauf les Noirs ». »
Évidemment, de telles affirmations ne manquent pas de lui attirer de très violentes critiques. En 1858, Douglas n'hésite d'ailleurs pas à qualifier ses propos de « monstrueuse hérésie ». Selon le sénateur démocrate, les Pères fondateurs, en rédigeant la Déclaration d'indépendance, « ne faisaient pas référence aux Noirs ni à toute autre race inférieure et dégénérée, lorsqu'ils parlaient d'égalité entre les hommes. » Accusé de vouloir faire du Noir l'égal du Blanc, Lincoln juge nécessaire d'apporter quelques précisions: « Je ne suis pas, et je n'ai jamais été en favorable à l'établissement de l'égalité sociale et politique entre la race blanche et la race noire; je ne suis pas, et je n'ai jamais été pour accorder aux Noirs le droit de vote ou le droit de siéger dans nos tribunaux, ni pour leur permettre d'accéder aux emplois de l'administration ou encore de se marier avec des Blancs. Et j'ajouterais à cela qu'il existe une différence physique entre les races humaines qui selon moi interdira aux races blanche et noire de vivre un jour sur un même pied égalité, sociale et politique. » (11)
L'acharnement avec lequel Lincoln se défend alors de vouloir accorder les mêmes aux Noirs les mêmes droits que les Blancs mérite quelques explications. Nous sommes alors en pleine campagne pour l'élection au poste de sénateur de l'Illinois, et Lincoln sait pertinemment que la majorité de son électorat, bien qu'opposée à l'expansion de l'esclavage, n'entend pas partager ses droits avec les Noirs. Or Lincoln n'est pas prêt à prendre le risque de marcher contre l'opinion commune. Douglas sait parfaitement exploiter cette faille dans la pensée de Lincoln en jouant sur les peurs de son auditoire: ce dernier « prétend que le nègre est son frère! » lance, outré, le sénateur démocrate au cours d'un meeting survolté. À une autre occasion, Douglas interpelle directement la foule: « si vous voulez laisser [les esclaves émancipés] venir dans notre État et s'établir parmi les Blancs, si vous voulez qu'ils votent, alors soutenez Lincoln et le parti des Black Republicans... » Face à ces attaques, Lincoln s'est plusieurs fois trouvé dans l'embarras, obligé de donner des gages sur sa vision des rapports interraciaux. A propos d'une femme noire, il tente de s'expliquer tout en défendant sa conception de l'égalité : « sous certains aspects, elle n'est pas mon égale; mais du point de vue de son droit naturel à manger le pain qu'elle gagne de ses mains, sans demander l'autorisation à qui que ce soit, elle est mon égale, [...] et l'égale de tous »(12) . Raisonnement bancal dont les subtilités échappent à la plupart de ceux qui l'écoutent. Preuve de ses difficultés à convaincre, Lincoln sera un jour sommé par un homme dans la rue de dire s'il est « vraiment » en faveur d'une égalité « parfaite » entre Blancs et Noirs...
Du reste, que pense vraiment Lincoln? Concernant l'égalité sociale et politique, il suffit d'observer ses cinq années passées à la Maison Blanche pour se convaincre que l'ancien avocat du Middle West n'était guère disposé à œuvrer dans ce sens. Ce n'est qu'au tout début de son second mandat, en 1865, qu'il envisagera d'accorder le droit de vote aux anciens soldats noirs. Même si ses adversaires n'ont eu de cesse de le dépeindre comme un « fanatique », Lincoln est resté jusqu'à la fin de sa vie fidèle aux préjugés de son temps. Celui qui inscrira le 13e Amendement à la Constitution était au fond intimement convaincu de l'infériorité raciale des Noirs. Tout au plus condescend-il à leur reconnaître certaines qualités qui, selon ses propres termes, permettent de distinguer le Noir « du cochon ou du cheval » : « l'intelligence, les sentiments, une âme, des attachements familiaux, des espoirs, des joies, des peines. » (13) Mais pour Lincoln, la question n'est pas là. Parler d'égalité sociale et politique est, conclut-il, un « faux problème », une façon démagogique pour Douglas de rallier des suffrages. Le vrai problème, affirme Lincoln avec obstination, c'est d'empêcher l'expansion de l'esclavage.
S'il insiste continuellement sur le problème de l'extension territoriale, Lincoln se montre en revanche beaucoup plus circonspect quant au problème litigieux de l'abolition. En 1854, à Peoria, Lincoln résume parfaitement les difficultés que cela représente à ses yeux: « Si on me donnait tout le pouvoir de la terre, s'était-il exclamé, à vrai dire, je ne sais pas ce que je ferais concernant l'esclavage. Sans doute ma première impulsion serait de libérer tous les esclaves, et de les envoyer au Libéria. » Mais Lincoln sait que la chose est impossible, légalement et matériellement. « Alors quoi ? les libérer pour les garder auprès de nous comme inférieurs ? Sommes-nous sûrs que cela améliorerait leurs conditions d'existence ? Et ensuite ? Les libérer, et en faire nos égaux, politiquement et socialement ? [...] Nous savons que l'immense majorité des citoyens de ce pays ne l'accepterait las. Un sentiment universellement partagé, qu'il soit fondé ou pas, ne peut être ignoré sans risque. » (14)
Dans les discours qu'il prononce par la suite, nous voyions à quel point Lincoln reste tiraillé entre sa haine sincère de l'esclavage, qu'il qualifie souvent de « monstrueuse injustice », et son respect doctrinal du droit de propriété privée. À ce titre, on ne saurait qualifier Lincoln d'abolitionniste dans la mesure où il n'entend pas s'attaquer à l'esclavage là où la Constitution le protège, c'est-à-dire dans les États du Sud. Dans l'absolu, cependant, Lincoln souhaite la destruction de l'institution servile. À Springfield (Illinois), le 17 juin 1858, Lincoln évoque du bout des lèvres la perspective d'une « extinction finale » de l'esclavage. Aussitôt accusé par Douglas de vouloir entraîner le pays sur la voie de la guerre civile, Lincoln se reprend: «je ne voulais pas parler d'une extinction demain, ni même dans un ou deux ans... Je ne crois pas que, de la manière la plus pacifique qui soit, l'esclavage s'éteindra avant un siècle au moins; mais je reste persuadé qu'il finira par s'éteindre [...] suivant la volonté de Dieu.» Habile manière d'éluder la question tout en conservant intacte la confiance de ses électeurs! Pas question, donc, de mettre en péril la propriété esclavagiste. En 1859, Lincoln désavoue d'ailleurs avec force le raid d'Harper's Ferry, conformément à la ligne définie par son parti. Même s'il partage avec John Brown la même haine de l'esclavage, « rien, dit Lincoln. ne saurait excuser la violence, l'effusion de sang et la trahison. » (15) Ce faisant, Lincoln se démarque clairement du clan abolitionniste resté jusqu'au bout solidaire du vieux Brown.
Au moment de sa désignation comme candidat républicain à l'élection présidentielle, Lincoln nous apparaît donc beaucoup moins radical que ne voulaient à l'époque le faire croire les propagandistes du parti démocrate. Au cours de sa campagne, Lincoln passe délibérément sous silence la « question noire », se bornant à réaffirmer l'inflexible opposition des républicains à l'expansion de l'esclavage. « Vous pensez que l'esclavage est un bien, lance t-il en interpellant les Sudistes, et vous en concluez qu'il mérite d'être propagé. Nous pensons qu'il est un mal qui doit être entravé. Voilà certainement la seule véritable différence entre nous. »
Concernant le problème des esclaves fugitifs, Lincoln se montre extrêmement prudent, refusant de se prononcer en faveur d'une remise en cause de la décision de la Cour Suprême autorisant un propriétaire à récupérer son bien (16). À aucun moment, il ne parle d'abolition, encore moins d'égalité politique ou sociale entre Noirs et Blancs. Cette tiédeur lui vaut d'ailleurs de vives critiques dans les rangs abolitionnistes. Lucide, William Loyd Garrison comprend alors que le parti républicain « n'en-tend rien entreprendre, n'en ayant pas les moyens, pour abolir l'esclavage dans les États esclavagistes. » Autre figure de l'abolitionnisme, Wendell Philips va même jusqu'à traiter Lincoln de « chien de garde de l'esclavage. »(17)
Dans le Sud, au contraire, Lincoln est perçu suivant un tout autre registre. Il est, selon certains journaux, un ennemi acharné de l'esclavage, un fervent partisan de l'égalité entre les races. En réalité, les Sudistes projettent sur le candidat républicain leurs propres angoisses, attisées par les discours enflammés des abolitionnistes. À mesure que s'approche l'échéance électorale, une véritable hystérie s'empare des États esclavagistes. C'est dans ce contexte particulièrement tendu que ne tardent pas à se matérialiser les premiers appels à la sécession: « le Sud, s'exclame John J. Crittenden, en est venu à la conclusion que dans le cas où Lincoln serait élu [...1 il se séparerait de l'Union. » (18) Lincoln, cependant, refuse d'engager le débat autour de ce qu'il considère n'être qu'une forme de chantage. En réalité, comme beaucoup de nordistes, il ne croit pas le Sud capable de mettre ses menaces à exécution. Inutile de préciser que son élection, le 6 novembre 1860, lui donnera tort.
David Delpech
notes
(1) Frayssé (Olivier), Abraham Lincoln. la terre et l'esclavage, 1809-1860, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988,
p. 14. Cet épisode marquant de la destinée familiale des Lincoln ne fut pas sans conséquence sur l'engagement futur d'Abraham dans le combat antiesclavagiste à partir des années 1850. Il n'aura en effet de cesse, au sein du parti républicain, de dénoncer l'esclavage comme une concurrence déloyale à l'égard des travailleurs libres du Nord. Ainsi, en 1859, dans un discours prononcé à Indianapolis, il évoquera « la grande masse des hommes blancs qui souffre de la présence du travail servile à côté du leur », faisant ainsi directement référence à son propre passé. Cité in Lincoln (Abraham), The Collected Works of Abraham Lincoln, ed. by Roy P. Basler, New Brunswick, NJ, Rutgers Univ. Press, 8 vols., 1952-55. Vol. IlI, p. 470.
(2) Herndon (William Henry) & Weick (Jesse), Herndon 's Lincoln. The True Story of a Great Life. 3 vols, Chicago, Belford, Clarke et Co, 1889. Herndon s'est basé sur le témoignage erroné de John Hanks, un voisin qui ne mit jamais les pieds à la Nouvelle-Orléans en 1828! Malgré ces défauts, l'ouvrage de Herndon reste considéré comme l'une des biographies essentielles de Lincoln.
(3) À travers cette anecdote, Herndon montrait de façon éclatante que Lincoln avait toujours été un abolitionniste convaincu. Il répondait ainsi aux adversaires de Lincoln qui suggéraient que l'ancien président s'était rallié à l'abolitionnisme par ambition politique. Ce faisant, Herndon empruntait aux techniques de l'hagiographie chrétienne sa façon d'écrire l'histoire.
(4) Cité dans Lincoln (A), The Collected Works of Abraham Lincoln... .op. cité, vol. I, pp. 74-75.
(5) Ibid., vol. I, p. 260.
(6) Signalons que par la suite, Lincoln lui-même tentera de donner une portée plus grande à cet événement Dans une lettre écrite à son ami Joshua Fry Speed en date du 24 août 1855, il relate la même scène sous une forme assez différente en insistant particulièrement sur l'émotion qu'il avait ressentie sur l'instant: « ce spectacle ne cessa de me torturer. Et je vois des scènes semblables chaque fois que j'atteins l'Ohio, ou toute autre frontière avec un État esclavagiste. » Cité dans Lincoln (A), The Collected Works of Abraham Lincoln..., op. cité, vol. II, p. 320. Le décalage de ton entre les deux lettres témoigne d'une réelle évolution de Lincoln face au problème de l'esclavage. La lettre de 1855 démontre clairement qu'à cette date, Lincoln avait désormais le souci d'apparaître comme un adversaire convaincu de l'esclavage.
(7) Révisant le Compromis du Missouri (1820) qui avait interdit l'extension de l'esclavage au nord du 36°30' parallèle, cet acte autorisait la formation de deux nouveaux territoires (le Kansas et le Nebraska) en donnant aux populations le droit de se prononcer elles-mêmes sur la question de l'esclavage, au nom du principe de souveraineté populaire. Si elle donnait satisfaction aux États du Sud, cette mesure indigna les abolitionnistes et provoqua la faillite du Parti Whig (tiraillé par des dissensions internes) au profit du parti Républicain qui sut se positionner résolument contre l'extension de l'esclavage à l'ouest.
(8) Lincoln (A.), The Co11ected Works of Abraham Lincoln..., op. cité, vol. IV, p. 67.
(9) Célèbre sentence prononcée par Lincoln lors du débat tenu à Alton en 1858. Cf. Lincoln (Abraham), op. cité,
vol. III, p. 315.
(10) Discours de Peoria (16 octobre 1854), ibid, vol. II, 247-83.
(11) Ibid., vol. III, pp. 145-46. A Springfield, puis à Peoria, quatre ans plutôt, Lincoln a exprimé la même thèse: « qu'on ne me dise pas que je combats pour l'établissement de l'égalité politique et sociale entre Noirs et Blancs. J'ai déjà eu l'occasion d'affirmer le contraire. » Cf. Lincoln (A.), ibid, vol. II, p. 266.
(12) Discours de Springfield (26 juin 1857), ibid. vol. II, p. 405.
(13) Discours de Springfield (4 octobre 1854), ibid, vol. II, p. 247. Signalons qu'à l'époque, il n'y a pas de contradiction entre le fait d'être antiesclavagiste et de croire à l'inégalité des races humaines. Seuls quelques militants de la cause abolitionniste remettent alors en cause l'idée de hiérarchie entre les races.
(14) Discours de Peoria (16 octobre 1854), Lincoln (A.) The Collected Works , opus cité, vol. II, 247-83.
(15) Cité par Mc Pherson (James M.), The Battle Cry of Freedom -the Civil War Era, New York, Oxford University Press, 1988, p. 212.
(16) L'arrêt du 6 mars 1857 rendu par les neuf juges de la Cour Suprême dans l'affaire Dred Scott vs Sandford
donnait raison aux propriétaires d'esclaves lésés.
(17) Cité par McPherson (James M.), opus cité, p. 227.
(18) Ibid, p. 230.
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Alors une vache passant par là, vient déposer une énorme bouse sur lui, il se retrouve alors recouvert de merde , mais bien au chaud !
Puis un coyote vint à croiser son chemin, il aperçoit le petit oiseau, le sort de sa bouse par une patte, l' essuie délicatement de l'autre.... et l' avale tout cru !
moralité : celui qui te fout dans la merde ne le fait pas forcement pour te faire du mal , mais celui qui t' en sort ne le fait pas forcement pour ton bien ! Dans tout les cas quand tu es dans la merde apprend à fermer ta gueule.
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