Suis-je le seul ? Suis-je anormal ??

Bon, je suis bien content que l'équipe de France ne se soit pas fait battre par les Croates. Ç’aurait été par les Serbes, cela ne m'aurait pas particulièrement gêné. Bon il paraît que c'était beau à voir, je ne sais pas je n'ai même pas regardé de rediffusion. Mais moi aussi je dois être un extraterrestre parce que pour la mort de Jean d'Ormesson j'ai été très triste. Pour celle de Brassens aussi, j'avais été très triste.
Alors que pour la mort de Tino Rossi j'ai repris deux fois ds moules et pour celle de Johnny Hallyday, j'ai repris deux fois des frites.

Je ne risque rien de feu mon ami Pierre Desproges. Lui-même devait cette saillie à Bernard Mabille, m'a-t-il dit, bien qu'il l'ait inscrite dans ses textes de scène et repris dans son Almanach. Sauf que pour Pierre, à la différence de pour Brassens et Jean d'O', mon chagrin ne s'est jamais estompé et pour relire ses textes ou maintenant le livre "Desproges par Desproges" où s'exprime notamment sa fille Perrine, je dois me cacher pour pleurer tranquille.
Lorsque j'ai pris ma dernière retraite, celle de géomètre, mes collègues m'ont offert le magnifique "Tout Desproges" édité au seuil et mes enfants m'ont offert depuis "Desproges par Desproges". Édité en 2017 par les Editions du Courroux. Et mon courroux, coucou. (Pardon, j'ai pas pu m'empêcher.)
Je savais Pierre malade, mais je pensais le revoir après une mission en Orient. Hélas dans un car militaire d'un pays arabe ami, au retour d'un exercice d'état-major, j'ai entendu le bulletin d'informations en arabe qui annonçait la mort de mon ami. Et là, malgré un légitime sentiment de pudeur je dois avouer que j'ai pleuré. Ben oui. Mais une fois arrivé en ville pour rejoindre ma femme et mes enfants, je m'étais repris et j'ai sorti des vannes desprogiennes. En passant devant le magasin "Khalaf" sur le "Jabal Al Webdeh", j'ai acheté trois gros crabes du Golfe d'Aqaba et nous les avons mangés pour venger mon ami. C'était aussi une de ses citations : "Chez l’écailler en face, j'ai acheté un crabe : un partout !"
Même en écrivant ça, j'ai du mal. Piaf chantait "On n'oublie rien du tout, on s’habitue, c'est tout."
Moi la mort de Pierre, je ne peux pas m'y habituer. Mon père qui est décédé trois ans plus tard, cela m'a fait mal, mais à son âge, c'était dans l'ordre des choses, mais Pierre était jeune encore, lui. C'est pourquoi j'aime à le citer, pour qu'il vive encore.


Les juifs que j'ai rencontrés en Palestine étaient en général très favorables à ce sketch comme ils adoraient le film "Les Aventures de Rabbi Jacob". Il faut dire que les juifs en Israël savent garder le sens de la dérision et de l'humour. Même sur les sujets les plus graves. Sans doute parce que l'humour est souvent la politesse du désespoir. Merci à Pierre d'avoir osé ce sketch  au second voire troisième degré, cinglant pour les faux résistants, ceux de la dernière heure. Rappelons qu'il l'a sorti alors que des moralistes de la dernière heure tentaient de faire oublier leur collaboration en se montrant plus résistants que les vrais, ceux qui ont fait ce qu'ils devaient sans esbroufe et dont certains on été reconnus non par les gouvernants français d'après guerre mais par le jeune État d'Israël qui les a faits "Justes parmi les Nations."
Bon, hauts les cœurs ! La France est encore une fois championne du monde. Ce dont j'aurais tendance à me foutre.
Après tout, comme Pierre aimait à le dire : "Être pris pour un con par des idiots est un plaisir des Dieux."