Pour les amoureux des SHARPS

Mon cher Maddox, je me suis mal relu. Sous le canon, il est gravé 8,88 alors que j'ai frappé 8,58 sur mon clavier. Voir photo ci-dessous.
Le moule à balles sont les balles à 9,04 mm. 0,16 mm à comprimer lors du passage du cône de forcement suffisent à déséquilibrer la balle Mle Lyman 356402. Mon calibre alésé à 8,90 au tour avec outil à aléser me fournissait des balles régulières et qui ne basculaient plus.

C'est bien 8,88 et non 8,83.
Le numéro de l'arme, 1543, montre ce que serait le 3 comme dernier chiffre du calibre.


Que celui qui n'a jamais commis de faute de frappe me lance la première grenade à main.

Mon P08 était un S/42 - Fabrication Mauser pour l'armée et corps assimilés - et il portait sur le haut de la glissière la date 1938. C'était la meilleure date de fabrication de cette arme par Mauser. La chambre avait un petit rétreint au tiers avant, modification pour ralentir encore la vitesse d'éjection de l'étui poussé par la pression résiduelle.
Cette arme venait d'être détrônée dans la faveur des jeunes cadres militaires et assimilés par l'adoption du P 38 de chez Walther.
Toutefois, lorsque j'ai vendu ce P 08 à un officier des US Marines servant comme moi à l'Otan en Belgique, il n'a même pas discuté le prix. Nous nous connaissions bien pour tirer au même stand de l'Otan et il savait que le nombre de P 08 S/42 de 1938 encore en circulation était très faible. En effet, ces armes avaient en grande partie fini dans les stocks de l'armée française en 1945 pour équiper la gendarmerie.
Puis le MAC arrivant en service les P 08 de la Gendarmerie ont été versés aux stocks pour la Mobilisation puis passés au pilon dans les années 1960. Celui de capitaine de gendarmerie D... qui commandait alors la compagnie de Vitré venait d'une vente restreinte organisée par la direction des Études et Fabrication de l'Armement au sein de la Gendarmerie et de l'armée de Terre, vente assurée un samedi après-midi par le service des ventes aux enchères des domaines du département de la de Seine-et-Oise. À cette occasion, moins de 200 pièces de 1938 ont trouvé preneur et ont ainsi pu être sauvées. Grâce à ce passage dans la Gendarmerie puis dans les stocks Mob, j'ai pu participer aux concours et tirs de notation avec mon P 08 à partir de 1986. En effet, nous pouvions tirer avec une arme personnelles détenus au titre de l'article 19 'sportif) à condition que le commandement nous ait autorisé à utiliser une arme personnelle en service, que ladite arme soit ou ait été réglementaire dans les forces armées, qu'elle soit du calibre utilisé par unités régulières et que nous utilisassions des munitions venant du commerce et non des dépôts de munitions militaires. Jusqu'à ce que je me sois procuré ce texte du BO des armés, j'avais toujours tiré au MAC 50 pour les concours et examens. à ma dernière affectation en France, l’État-major de Force d'Action Rapide, nous étions deux officiers à tirer avec nos armes personnelle, un colonel qui tirait avec un MAB F1 et "tournait" entre 97 et 100 à chaque concours et moi-même. Avec mon MAC 50 je tournais au mieux à 99 mais plutôt à 97.
Ayant recomplété mon stock de munitions de 9 mm Lüger, je me suis aligné au tir d'entrainement suivant avec mon arme. Me doutant de ce qu'il y aurait des contestations, je m'étais muni de l'extrait du BO. À ma grande surprise, je n'ai même pas eu à le produire. Et là, comme je tirais avec cette arme depuis des années, j'ai ligné les 100 avec de temps en temps une baisse de pèche vers les 99 ou 98. je ne sais comme le guignol de renvoi de mouvement de la détente à la gâchette était poli, mais on aurait dit que l'arme avait une bossette. Le départ était similaire à celui d'une arme de tir sans le "gratter" de certains DWM, par exemple. Il paraît que c'est une caractéristique du S/42 de 1938.
À l'époque, le stock normal de cartouches de 1^e catégorie pour les tireurs état de 200 mais les tireurs qui justifiaient de résultats en concours pouvaient acheter et détenir jusqu'à 2000 cartouches. Mes chefs de corps m'ayant autorisé à utiliser mon  arme en service, ayant obtenu ma première autorisation sans feuille verte, je renouvelais à chaque changement de département lors de mes mutations ou tous les cinq ans si je restais plus de cinq ans dans le même département. Mais même avec une bonne solde par souci d'économie mais surtout pour le plaisir j'a intensifié le rechargement à balles de plomb. L'un de mes frères était commandant du point d'impression de l’armée de Terre à l'école militaire à Paris. Il avait à son atelier trois linotypes et il m'avait donné une quinzaine de kilo de plomb utilisé et à recycler. De quoi fabriquer pas mal de balles 356402 pour pistolet automatique. et comme je tirais avec en entraînement, je ne pouvais pas me permettre d'avoir des balles "shimmyieuses". D'où le recalibrage après sortie du moule.
Affecté en Belgique, j'ai obtenu des autorités compétentes la possibilité de détenir mon arme en Belgique avec une autorisation viagère. Lorsque je me suis rendu à Bruxelles au bureau de l'immeuble "Tous et Taxis", siège des Services administratifs fédéraux dont les douanes, je devais présenter mon arme pour que les douaniers pussent constater la réalité de la présence et la conformité des numéros. Devant un P 08 S/42 de 1938, le douanier a pris l'arme avec précaution pour l'admirer. Cet homme connaissait et aimait les armes : du coup il m'a demandé l'autorisation de la démonter "pour le plaisir". Nous avons passé une heure et demi et plusieurs cafés à discuter armes et tir et... rechargement.
J'avais acheté ce pistolet en 1974 lorsque j'étais à Saint-Cyr au capitaine D... pour la somme de 850 Francs. Et je l'ai revendu en 1998 à cet officier des US Marines pour l'équivalent de la somme de... 8500 Francs français payés en dollars par l'états-unien. Les photos dont je dispose encore sont celles que j'avais prises pour les assurances et je les ai scannées depuis. Bien m'en a pris parce que les  couleurs des argentiques ont passé.