BOUM

Ben dites-donc ! Moi qui coule mes demi-charges critiques de plutonium 239 dans mon atelier sur mon camping gaz en fumant de l'herbe qui fait rire et en buvant de l'Armagnac hors d'âge. Je crois que je vais être plus prudent et fermer la porte de mon atelier pour éviter les courants d'air...

Objection votre Honneur :

Il est faux d'affirmer que la poudre noire son comprimée détone en présence d'une étincelle. D'abord elle ne peut pas détoner mais seulement déflagrer et pour ce qui est de la réaction de la poudre noire à la flamme lorsqu'elle est à l'air libre, elle fuse mais n'explose pas. Il suffit d'assister au départ du coup d'une pièce d'artillerie ancienne - ou de sa maquette - pour voir que le pulvérin contenu dans le bassinet fuse sans exploser. Voir le lien ci-dessous.
On voit bien au départ du coup que le pulvérin fuse sans même déflagrer.  Or le pulvérin de poudre noire est ce qu'il y a de plus vif. Comme il fuse, vers le haut et aussi vers le bas, il boute le feu dans la chambre de tir en envoyant l'étincelle du fond de bassinet dans le canal lumière.

La poudre même noire agit par génération de gaz en combustion vive. Si on la tasse en pétard elle produit en parallèle une onde d'énergie qui à l'air libre se déplace à environ 500 mètres par seconde. C'est une onde produite par une grosse quantité de gaz. Trois fois moindre en moyenne toutefois que celle produite par une même masse de poudre sans fumée.
C'est ce genre de pétard qui servait dans les mines autrefois.
Lorsque la nitroglycérine, puis la dynamite sont arrivées sur les chantiers - 1860 puis 1867 en Amérique - les armes tiraient encore à poudre noire fine et les essais d'y utiliser les nouvelles matières ont échoué. Il a fallu attendre la réussite des travaux de Vieille notamment pour voir apparaître les poudres sans fumées opérationnelles. C'est un autre sujet; cela pourrait faire l'objet d'un cours de balistique intérieure qui j'ai suivi - puis donné - pendant ma carrière militaire.
Les explosifs, eux, produisent une onde de choc très puissante et peu de gaz. Cette onde de choc broie la matière avec laquelle elle est en contact et se propage toujours à plus de 1000 m/s. Les physiciens chargés de l'étude des effets relatifs sur la matière des poudres et des explosifs ont établi par expérience que l'onde choc des explosifs ne se déplace jamais au-dessous de cette vitesse de 1000 m/s alors qu'aucune onde d'énergie de poudre ne l'atteint.
Ils ont donc adopté comme critère que les explosifs détonent et que les poudres déflagrent. Même la poudre la plus vive à savoir le pulvérin de poudre noire. Avec l'établissement des normes internationales de signalétique, les matières explosibles n'ont pas fait exception et je te suggère de lire le mémo qui date de quelques années et se trouve au lien suivant, qui montre bien qu'on fait la différence entre les poudres et les explosifs et que les poudres noires sont bien considérées comme des poudres et non des explosifs :

Pour plus de précisions, voir cette discussion sur notre forum au lien suivant : Poudre Noire Comprimée et Dynamite.

De la PSF aurait réagi de la même manière en un peu moins vite sauf qu'en plus elle aurait généré trois fois plus de gaz. En une année d'officier de tir en titre au 60e Régiment d'artillerie de Canjuers, j'ai fait tirer par ma batterie de tir 12.110 coups de canons de 105 et 155 millimètres.
Dont 2504 en charge maximale. Pour tous les autres coups nous avons tiré en charges inférieures donc pour chacun de ces coups il restait ce qu'on appelle ds appoints de charges.
En application des règles de sécurité, il fallait brûler ces appoints de charges sur les positions de tir avant de les quitter. Donc je faisais faire des tas d'appoints et je le faisais bruler. J'ai ainsi fait bruler des centaines et des centaines de kilos de poudre à canon sans fumée. Pour une école à feu ou un tir de service en campagne de 100 obus de 155 mm en charge 5, il restait 4 appoints par charge soit 400 et donc un peu plus de 400 kilos de poudre. Les gargousses en toile de lin entassées en un point, un de mes sous-officier en éventrait une et traçait une ligne de poudre sur le sol. Il l'allumait et se retirait en marchant vite. Le tas de poudre brulait en une ou deux minutes. Mais il brûlait. Nous aurions pu allumer cette poudre avec les étincelles d'une disqueuse mais il faut reconnaître que l'allumette de la petite boite de poche était bien plus simple d'emploi.
La poudre à canon est très progressive. Les grains de la poudre de 155 sont des cylindres de 1.5 mm de diamètre et de 4 mm de long. Les charges de 105 étaient des plaquettes ressemblant à s'y méprendre aux plaquettes de chewing-gum Hollywood. Nous aurions allumé les mêmes quantités de Ba 9 nous nous serions immédiatement bronzé la gueule et le tas aurait disparu en quelques secondes.
Donc, même de la poudre sans fumée s'allume instantanément. Surtout avec une étincelle de disqueuse.

Pour finir, il faut exposer que la quantité de gaz chaud produite générait une colonne verticale montante de turbulences visibles jusqu'à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la position de batterie. Nous aurions fait la même chose avec de la poudre sans fumée pour arme de poings cela aurait poussé une bulle de vent chaud selon une demi-sphère qui se se serait rapidement répandue.
Dans ce coffre fort, la pression serait montée moins vite qu'avec de la poudre noire mais aurait généré trois fois - environ - plus de gaz et aurait donc aussi mis à mal l'installation.
Une autre fois, je vous raconterai comment, toujours au camp de Canjuers, nous détruisions, lors des campagnes de désobusage, les obus non explosés après les avoir rassemblés dans des positions données, genre d'aventure à laquelle j'ai participé trois fois de 1977 à 1981. J'y ai concrètement vu ce que j'avais appris lors du cours sur les explosifs pendant ma scolarité à Saint-Cyr sur les effets des explosifs sur la matière. Et ensuite j'ai participé à plusieurs opérations de guerre où j'ai pu voir tous ces effets sur le terrain.