Ma modeste collection

J'ai vécu en Bretagne, en pleine arcoat. deux ans.
Eh bien je ne sais pas ce que c'est que la pluie en Bretagne. Le pluie et la bruine, je connaissais. En tant que Pyrénées de l'Ariège et ayant vécu aux Antilles où la saison des pluies n'est pas un vain mot...
La Bretagne c'est autre chose de très curieux.
Il arrive que les écluses du ciel s'ouvrent. Une ou deux fois par semaine.
Pendant ma période "bazar", comprenne qui pneu comme on dit chez Michelin, nous avons eu douze semaines où il a plu deux fois dans chaque semaine; deux jour puis cinq, ou parfois rois jours plus quatre.
Je me souviens que le 19 octobre 1973, nous avons eu une période de sécheresse de 13 heures à 14 heures trente qui a permis à une petite brise d’égoutter les feuilles de arbres sur nos têtes protégées par nos casques - la seule pièce d'équipement vraiment imperméable, le temps d'une petite rafale de changement d'orientation du vent.
C'est là que j'ai compris que les rangers sont étanches comme les montres. Cela se voit toute de suite : comme pour les montres étanches, l'eau qui y entre ne ressort jamais.
Il faut toutefois reconnaître que cela présente des aspects positifs : Les ajoncs qui piquent atrocement lorsqu'on est en exercice de combat, sous la vivifiante rosée qui descend du ciel envoyée par les mânes de Merlin, les ajoncs, doncs diffusent une odeur de menthe poivrée. Comme la menthe poivrée cette odeur est signe de fraîcheur. Grâce à cela, les traversées de gros ruisseaux ou petites rivières étaient un bref moment de réconfort.
En effet, abrités de la bise aigre des automnes coëtquidanais nous savourions une eau de rivière plutôt douteuse mais qui nous donnait l'impression d'être tiède. Et lorsqu'après plusieurs jours à errer entre Paimpont, Guer, les Forges de Paimpont, Saint Malo de Beignon ou La Gacilly nous revenions au camp de Coëtquidan, une fois que nous avions nettoyé l'armement qui commençait à rouiller, nous nous laissions inonder par la douche tiède qui nous réchauffait.
J'ai même souvenance d'un combat J+N+J+N+J (J= jour, N = nuit)  - je vous laisse traduire pendant combien de temps avait duré l'exercice de combat dans cette sécheresse relative de la Bretagne - un combat donc après lequel j'ai fini par me trouver sous la douche tellement frigorifié que j'ai bu à longues rasades l'eau chaude qui tombait du pommeau en cuivre nickelé.
Pourtant j'adore toujours la Bretagne et l'odeur des ajoncs détrempés sous la brise aigre qui transporte vers l'intérieur des terres les senteurs iodées d'un monde qui restera toujours le mien : l'Océan.

Ouais les tempêtes. Je me rappelle d'un sacré coup de tabac à la pointe du Raz en novembre. Avant d'arriver à vue de la mer proprement dite mon imper était déjà salé des embruns que le vent hurlant me rabattait sur l'imper réglementaire.
La patronne du troquet crêpes m'a vu revenir trempé mais heureux. J'avais revu l'Océan fou comme lorsque j'avais assisté aux effets d'un cyclone - Inès - au Moule, sur la côte atlantique de la Guadeloupe. En Bretagne aussi, la mer fait trembler la terre sous les pieds des fous - ceux qui comme moi vont sur la mer pour le plaisir. Un pêcheur Sinagot que j'avais rencontré sur l'Île aux Moines ne m'a-t-il pas expliqué que celui qui va en mer pour son plaisir irait en enfer pour passer le temps. Il avait raison mais je m'entête. Je n'ai pas encore rencontré le Diable mais si je persiste je ne tarderai pas à rencontrer l'Ankou.

Je précise,Tranter. Mon nom est d'origine normande mais ma famille est coloniale. Les tombes sont dans tout l'ex-Empire mes grands-parents paternels ont été inhumés à Hanoï en 1920 (grippe espagnole) mon grand père maternel à Casablanca en 1942, Mon grand oncle maternel en Argentine. Les pieds-à-terre en France étaient en Provence et dans les Pyrénées, mais même moi qui suis né à Foix comme ma grand-mère maternelle J'ai vécu en Guadeloupe où j'ai plein de cousins. Ceux de Martinique sont morts en 1902 - Éruption de la Montagne Pelée qui a soufflé Saint-Pierre - et le seul rescapé de cette affaire était en voyage d'affaire en Guadeloupe. Seul survivant de cette branche de la famille qui possédait la moitié du foncier de Saint-Pierre il a réalisé ces biens et a installé un comptoir commercial à Pointe-à-Pître. Il a repris à cette occasion contact avec les membres guadeloupéens de la famille, des planteurs békés, et j'ai fait connaissance de tous cs braves gens lorsque nous sommes allés vivre  quelques années en Guadeloupe. Comme une branche de ma famille de planteurs produit du rhum, je nourris aussi un culte à cette boisson légère et agréable.Surtout le rhum familial, le Bologne, et essentiellement dans sa version blanc agricole. Je ne bois pas de rhum de mélasse comme le Négrita coloré au caramel.
Dison qu'en matière de gnôles, je ne suis pas difficile mais je préfère le meilleur pour pas cher. En bon Ariégeois, cussous, c'est-à-dire Auvergnat avec les poches cousues.