je suis Charlie

Je ne suis pas au niveau de courage des membres de la rédaction de Charlie. J'aimerais pourtant pouvoir dire moi aussi que "je suis Charlie".
Oui je lisais déjà Hara Kiri puis l'Hebdo Harai Kiri même à l'époque où ils étaient considérés dans mon milieu comme des "torche-cul". Eh bien moi, je les aimais parce qu'ils secouaient le cocotier, parce qu'ils soulignaient que certains qui se considéraient comme juchés de plein droit sur leurs trônes n'y étaient en fait assis que sur leur cul. Sale.
Charlie a repris le flambeau, le grand, le beau celui de la liberté à laquelle j'ai tant sacrifié à ma manière, en servant loyalement ma patrie. Notamment pendant treize ans et demi par la lutte contre les terroristes islamistes, ces fous qui trahissent une religion pour moi exotique, mais dont les fidèles ont le droit d'y croire.
Surtout, ne nous laissons pas entraîner dans les excès injustes, mais je n'ai aucun scrupule à souligner que les assassins d'hier et leurs complices ne sont rien d'autre que ce dont les "torche-cul" nous débarrassent chaque fois que nous avons fini sur le trône des chiottes.
Puisque nous sommes dans l'Old West, je voudrais citer ici un héros états-unien, Davy Crockett, qui disait à son ami George Russel : "On peut tuer des hommes, on ne tuera jamais leurs idées". Plus qu'à l'Académie Française, les douze morts d'hier et ceux des blessés qui les rejoindront sont devenus immortels.
Nos combattants de la liberté viennent d'être assassinés par des mercenaires qui font la guerre contre notre civilisation, pas par des musulmans qu'ils ne sont pas même s'ils se réclament du Prophète.
Oui, je suis croyant d'une autre religion, oui cette religion a souvent été caricaturée par Charlie Hebdo et par ses prédécesseurs, oui je suis un ancien militaire de carrière d'une armée qui a aussi souvent été caricaturée, et d'autant plus efficacement que l'ex-sergent-chef Bernier de la Coloniale était le Professeur Choron, à la pique redoutablement juste - précise et réglée.
Eh bien dans le panthéon de mes références, les Cabu, Reiser, Wolinsky, Charb, ou Poncho ou Plantu qui eux sont encore avec nous pour soulager notre peine malgré la leur, comme ceux plus anciens, les Sempé, les Dubout ou Daumier tous restent ceux qui ont défendu notre droit à tous, la liberté d'expression dont une qui m'est particulièrement chère, celle du blasphème humoristique.
Oui, quand on m'a montré le lieu où Jésus aurait marché sur les eaux du lac de Tibériade près du kibboutz de Génésareth, j'ai eu un sourire dubitatif. L'officier israélien juif qui me montrait les lieux m'a demandé, un peu inquiet : "Vous êtes catholique et vous n'y croyez pas ?" J'ai répondu : "Ce n'est pas ça, mais je pense que depuis on a enlevé les pierres du lac". Et nous avons ri ensemble, d'un rire fou qui détendait toute retenue, toute réserve, un rire qui déclenchait l'amitié, comme les caricatures de Charlie déclenchaient parfois le rire, mais aussi très souvent la réflexion. Qui conduisait aussi à l’amitié en soulignant l'absurdité des dogmatismes.
Alors, pour tout ce que m'ont apporté Charlie et avant lui Hara Kiri et leurs animateurs j'aimerais bien avoir le droit de dire que moi aussi je suis Charlie.

Tu as la bonne formule PAPY !