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J'aurais tendance à soutenir la cause des Amérindiens, parce qu'il faut reconnaître que les États du Nord, les gouvernements qui se sont succédé à Washington ont eu une attitude plus que contestable. Mais de là à présenter les Amérindiens des territoires qui sont devenus les États-Unis comme des pacifistes, j'aurais tendance à nuancer le propos.
Les tribus indiennes n'ont pas attendu l'arrivée des colons européens pour se faire la guerre. Dans les batailles de la guerre d'indépendance, les diverses tribus se sont alliées aux "insurgents" ou aux tuniques rouges en fonction de leurs intérêts. Donc elles ont fait la guerre aux côtés de "blancs".
Il faut effectivement continuer à défendre ce qui reste de cultures indiennes, ou plutôt faire en sorte que les indiens, s'ils le veulent, puissent défendre leurs cultures et leurs traditions. Mais il faut aussi rester calme et boire frais, éviter les positions caricaturales qui desservent toutes les causes y compris celle-ci.
Mon frère habite Phoenix, en Arizona depuis des décennies. Mon fils est allé voir son oncle et a vu des magasins qui vendent de l'artisanat "traditionnel" amérindien ou mexicain., C'est très intéressant au plan documentaire parce qu'on voit les traditions des différentes tribus. Les objets les plus intéressants sont aussi les plus chers parce qu'au lieu d'utiliser les perles de verre de couleur importées de Chine, on y utilise des morceaux de résine imitant les matières que travaillaient les indiens autrefois. Il y a de vraies plumes, les ligatures sont faites avec de la laine filée au rouet avec ses irrégularités etc.
On découvre alors des traits culturels communs mais aussi de grandes différences entre les tribus. Les familles du sud de l'Arizona, par exemple, avaient un artisanat nettement différent de celui de celles qui vivaient près du Cañon du Colorado etc.
C'est logique. Avec une économie de chasse et cueillette majoritairement nomade, les modes et les matières premières différaient en fonction des ressources des zones de nomadisme.
Et c'est là que disparait le caractère "pacifique" des Amérindiens même avant la colonisation.
Les zones de nomadisation permettaient, en fonction des saisons, de trouver des plantes sauvages mais consommées régulièrement et le gibier nécessaire au clan etc. La tribu était le cadre global de plusieurs clans qui s'entraidaient, s’entendaient sur ce que nous appellerions des "colliers de chasse" ou des "droits de pèche" ou sur la cueillette du blé, de l'orge ou du blé noir poussant à l'état sauvage.
La survenue d'autres entités humaines sur ces terres entraînait à l'évidence une rupture dans des équilibres que les "sages" des tribus et des clans avaient soin de maintenir par l'entente et les échanges de serments. Dans certains cas scellés au tabac sauvage, le "fameux" calumet qui n'avait d'existence que dans les région où on fumait. D'ailleurs certains "calumet"s n'ont jamais brûlé de tabac mais bien de la barbe de maïs sauvage.
Parfois, il y avait des accords entre tribus mais lorsque ces accords étaient impossibles, alors sortaient les tomahawk, les lances et les arcs.
Adonc, encore plus que les prétentions territoriales de tribus ennemies, l'arrivée des Européens a bouleversé cette vie à l'équilibre aussi précaire que celui que l'ONU, l'OMC, l'Otan, l'UE, l'ASEAN, l'OPEP ou autres SDN de rencontre essaient de maintenir de nos jours à une échelle encore plus grande.

En plus ces "envahisseurs" avaient des machines inconnues et toujours plus terrifiantes.
Alors devant la menace, certaines tribus au contact des colons, d'abord anglais, espagnols et français, se sont unies pour se défendre contre l'ennemi commun tandis que dans les terres encore non touchées par les vagues venues de l'Est les autres tribus ont continué à vivre comme elles l'avaient fait jusque là, par les traités oraux ou les guerres pour la conquête ou la conservation des terrains de chasse, de pêche et de cueillette..
Il suffisait qu'une épidémie de variole décimât une tribu ou plusieurs clans d'une tribu, pour que les clans ou tribus voisins tentassent d'étendre leurs terrains de nomadisme. C'est loi de la vie dite "sauvage".
Alors, les immigrants venus d'Europe avec leurs lois et règlements que d'aucuns voulaient faire respecter tandis que les autres les avaient fuis en quittant l'Europe ou avaient été déportés "aux Amériques" pour les avoir enfreints, ces immigrants donc, pétris de siècles de "régentement" royal ou impérial, de lois et interdits et surtout d'une inculture crasse, n'ont pas compris la sagesse somme toute assez grande du mode de vie des Amérindiens.
Des peuples sans lois ni coutumes écrites ne pouvaient être que des sauvages et comme ils se faisaient de temps en temps la guerre entre eux alors que parfois il s'entendaient sans qu'on susse vraiment ni pourquoi ni comment ils décidaient de la guerre ou de la paix, cette impression de sauvagerie n'en a été que plus présente dans l'esprit somme toute assez fruste des "conquérants de la Frontier".

Donc d'accord, soutenons les indiens aujourd'hui, réprouvons le sort qu'ils ont connu pour éviter de recommencer les mêmes fautes, mais restons objectifs.
Objectifs, pas cibles.