Bon anniversaire, Cobravif !

Je vous remercie tous de ces admirables cadeaux en images* et en textes. Je ne réponds qu'aujourd'hui parce que des perturbations météo m'ont maintenu à marner dans mon jardin pour en faire disparaître les séquelles. J'allais sur le forum mais sans intervenir. Et je ne regrette pas d'avoir un peu attendu comme cela je peux remercier dans la foulée l'ami Oldchaps pour sa magnifique image documentaire d'un franchissement de coupure - comme on disait de mon temps dans l'armée (voix chevrotante) - par un cavalier sans doute australien. Un franchissement aussi mouvementé que coloré. Je dis australien mais de pourrait être un gaucho (= covebois en espagnol d'Argentine et non une allusion à de la politique qui serait malvenue). En effet, avec sa façon de chevaucher la tête en bas, ce pourrait être une ressortissant d'un pays de l'hémisphère Sud.

À Ringo : Il faut dire que Rikki Tikki Tavi avait écrasé deux œufs de la production de Nagaina et on peut comprendre que Nag, le mari, soit courroucé !
Mais pour avoir vu des mangoustes à l’œuvre, on peut dire qu'elles sont agiles et vives. Au moment de la frappe du serpent, en l'occurrence il s'agissait de vipère trigonocéphale, la mangouste (mangoose en anglais et manglousse en créole) saute en l'air, le serpent frappe là où était la mangouste laquelle lui retombe sur le cou juste derrière la tête et lui broie les vertèbres dans ses puissantes mâchoires. On m'a dit quand j'étais enfant que la mangouste est insensible au venin des serpents, j'en doute. Mais elle n'est pas insensible aux œufs.
En Guadeloupe, nous habitions une maison avec une grande errasse qui surplombait le jardin en pente. Au travers des troncs des hauts cocotiers nous avions vu sur la baie de Basse-Terre où nous avons eu la chance de voir une fois le paquebot France qui avait tervi à une croisière au lie de rester sur sa ligne Le Havre - New York.
Il y avait une mangouste qui vivait dans une petite bananeraie sauvage jouxtant notre jardin. Le jardinier connaissait la présence de l'animal qui se nourrissait entre autre de morceaux des rats de la bananeraie mais laissait devant l'entrée du garage les reliefs abondants de ses festins. Le jardinier était un ouvrier d'État qui travaillait aussi l'après-midi à la préfecture.
Lorsque nous étions en vacances scolaires, nous prenions le petit déjeuner un peu tard sur la terrasse et Moutou nous préparait des noix de coco vertes lorsqu'il en tombait des cocotiers du jardin à cause de grains venteux venant de la mer. Et un matin nous avons vu la tête de la mangouste apparaître au ras de la dernière marche de l'escalier du jardin à la terrasse. Moutou avait mis un œuf de poule dans une gamelle en aluminium posée au coin de la terrasse. Il posait un œuf dans cette gamelle derrière le garage depuis plusieurs semaines avons nous appris plus tard.
Pour une raison ou une autre que nous n'avons pas élucidée, la mangouste avait repéré la gamelle sur le coin de notre terrasse. Accoutumée à une présence humaine non agressive, la mangouste n'écouta que sa gourmandise et approcha pour gober l'œuf dans la gamelle. Après avoir vérifié que les deux inconnus que nous étions pour elle n'avaient aucune attitude dangereuse, elle a longé la balustrade jusqu'à l'angle de la terrasse et, jetant un œil prudent vers nous, cassa la coquille et goba le jaune d'abord puis une partie du blanc avant de repartir dans le jardin.
Nous avons raconté ça à ma mère qui nous a répondu qu'on aurait dû l'appeler pour qu'elle voit ça mais si nos l'avions fait, la mangouste aurait filé. Moutou est venu récupérer sa gamelle. Il avait suivi l'affaire de loin et nous dit que si nous mettions un oeuf le lendemain matin dans une gamelle au même endroit il y avait des chances que la mangouste revînt. Moutou donnait des œufs de ses poules aussi nous dit-il de ne pas donner des œufs sortant du réfrigérateur mais de les laisser reprendre la température ambiante. Don acte. Le lendemain, la "bête" est revenue ;  et le jour suivant, et encore, et encore. Notre mère ne se lassait pas du spectacle.
Et une fois, pour rire, nous avons mis, une balle de ping-pong dans la gamelle. Le mangouste a eu l'air surpris de ce nouveau type d’œuf et elle l'a levé entre se pattes avant pour le casser au fond de la gamelle comme elle le faisait d'habitude. Nous avons éclaté de rire derrière la fenêtre à jalousies de verre. Vexée, la mangouste a montré les dents, soufflé et est partie vers le jardin sans courir comme pour nous mépriser. Nous ne l'avons jamais revue. La fin des vacances de Pâques arriva et nous rangeâmes cet incident diplomatique dans l'armoire aux souvenirs. Il ressort de temps en temps.