fusil GRAS infanterie 1874

Le fusil d’infanterie GRAS.

Petit rappel du contexte historique : on sort de la désastreuse guerre de 1870. Le prussien, outre le fait qu’il a pris l’Alsace et la Lorraine a ponctionné le Trésor de façon éhontée.
Or, il faut bien continuer à s’armer, le danger est toujours là et « la revanche » est dans tous les esprits. Enfin, ne l’oublions pas, on a un Empire à défendre et le cas échéant à agrandir.
Que nous reste-t-il dans les arsenaux ? Ben justement des cargaisons de Chassepots dont on a vu les limites et des armes d’un autre âge.

1871 ! « Ceux d’en face » conscients des limites de leur fusil Dreyse (lui aussi à aiguille et à cartouches en papier) ont vite réagi. Ils s‘équipent la même année du Mauser 1871 en 11mm avec une cartouche métallique.

Il faut donc réagir, d’autant que c’est quand même pratique cette cartouche métallique ! Cà ne transforme pas en papier mâché sous la pluie du champ de bataille et dans les contrées lointaines, africaines et asiatiques, ou nous allons trainer nos guêtres. En plus on y a déjà gouté. Les Rolling Block et autres ont fait des émules et donné des idées.

Seulement, on n’a pas trop de sous, le prussien a tout pompé ! Donc on va la jouer à la française…à l’économie mais avec un certain génie de l’adaptabilité. (Comme d’hab. !)
Il reste des Chassepot ! Ben on va les transformer.
Le capitaine GRAS s’y colle avec les commissions d’armement.
On développe la cartouche, le 11 mm GRAS et on modifie la culasse.
• Si le Chassepot est en bon état, on rechambre juste le canon (alésage puis frettage d’un cylindre) et çà donne le GRAS 1866-74T
• Si le canon du Chassepot est mort, et bien on le change le canon. Cà donne le GRAS 1866-74N
• Et comme au bout d’un moment il n’y a plus de Chassepot à reconditionner on lance la production du GRAS 1874 pur.
Seule modification intervenue sur ces différents modèle, celle intervenue en 1880 (M80). Elle consiste à donner un coup de fraise pour permettre aux gaz de s’échapper en cas rupture d’étui. Comme on débute avec des douilles métalliques, on n’avait pas prévu qu’ils puissent se rompre. Les soldats s’en sont vite aperçus…

L’arme est excellente, robuste, simple, économique. Au passage on a maitrisé le process industriel du bronzage de l’acier. C’est quand même plus pratique à l’usage et à l’entretien que l’acier « poli blanc » qui a tendance à ne pas le rester longtemps et nécessite de fréquentes et usantes séances de briquage (et oui on poli avec de la poudre de brique rouge, d’où l’expression !)

La munition est assez puissante (assez pour faire tomber un canasson, toujours le gros problème de l’époque ; la char d’assaut à 4 pattes) , permet le tir de salve à grande distance,etc.
On peut la comparer à la 45-70 américaine.

Seul problème, elle n’est pas très précise… et Dieu sait pourtant si l’arme l’est (on le verra plus tard).

C’est un problème français. En France, on a de bonnes commissions d’armement qui sortent de bonnes armes, mais pour les munitions, on n’est pas trop doué à l’époque !!!(cf. la munition du revolver 1873, le 8mm Lebel plus tard avec sa douille … « space »)

Et la faute, c’est la balle !

On utilise encore le principe des armes se chargeant par la bouche avec une balle sous calibrée équipée d’un calepin.
Grosso modo on tire une balle de 11.25 mm de diamètre dans un canon qui fait 11.50mm à fond de rayures en comptant sur un bout de papier pour assurer correctement l’étanchéité et la stabilisation du projectile par sa prise rayure…
Cà fonctionne certes, mais la régularité dans la précision n’est pas terrible et la précision intrinsèque n’est pas au rendez-vous. Mais le pioupiou de l’époque s’en accommode. Et chez nous, on n’a pas de « sharpshooters » , la doctrine d’outre atlantique n’a pas encore fait son chemin.

Et si on sort une balle à 11.50mm, elle ne rentre plus dans le collet de la douille ou bien la cartouche ne chambre plus car ladite chambre na pas été conçue pour.

Il faudra attendre les travaux de Jean Pierre SEDENT dans les années 1900/2000 pour que la bonne balle soit développée sur le principe de la 22LR !!!Il suffit d’avoir un retreint à la base de la balle (11.25mm) pour que celle-ci puisse siéger correctement dans le collet, le restant de la balle étant cette fois ci au bon diamètre,11.50, à fond de rayure.

Et là ! Miracle ! La précision est au rendez-vous et on peut tirer tout le potentiel de l’arme qui se révèle extrêmement précise ce qui confirme l’extrême qualité de fabrication des manufactures françaises de l’époque.

Dix balles « modernes » sur appuis : 9 dans un beau groupement et une dans le 10 en contre visée pour faire plaisir à tous le monde.
On rejoint sans problème et sans complexes la précision du 45-70 et des armes américaines chambrées pour.


[img][/img]

Là, on tient son casque de prussien à 100 mètres...

enfin des photos du poupon; un modèle 1874 pur de la Manufacture Nationale de St Etienne ( entièrement au n°)

[img]
[/img]

[img][/img]

[img][/img]

[img][/img]

[img][/img]

et après avoir développé la bonne charge, y a plus qu'à:

[img][/img]

Merci pour cette présentation historico-technique d'un fusil d'excellente facture.
Pourrais-tu revoir les dates et Numéros du 4ème paragraphe (qui commence par "seulement, on n'a pas trop de sous") ? J'ai l'impression que ton doigt a ripé sur les touches pour quelques chiffres...

toutes mes confuses!

Si vous trouvez d'autre coquilles n'hésitez, l'âge me gagne....

Que devrais-je dire avec 4 ans de plus... En fait, la relecture est plus facile quand on n'a pas écrit soi-même le texte...
Merci encore !

Je ne connaissais pas l'origine de "briquer" !

Dun

Duncan94 a écrit:Je ne connaissais pas l'origine de "briquer" !

Dun

La Marine utilisait, de façon peut être plus ancienne encore, des briques pour faire récurer le pont des navires par les matelots. Il peut y avoir un conflit donc dans l'origine de l'expression, mais le but était le même.
pour les armes on utilisait de la graisse avec de la brique pulvérisée.
Pour obtenir un joli poli miroir de finition sur vos armes inox vous pouvez utiliser du "blanc de Meudon".

Il y avait donc déjà une vie avant le Mirror et Aciepol!

merci pour les infos et les photos.
cette arme est effectivement magnifique, je sens que je commence à te haïr

Bel article pour une belle arme.
Merci Rantanplan...

Quelle belle arme !

:)

Le Gras !
Incontestablement une arme qui aura marqué son époque.
Celui-ci est magnifique, mais faut dire que j' ai toujours un faible pour les reglementaires de cette époque.
C' est quand même autre chose qu' un Famas ou un M4.
Encore un bon point pour cette belle présentation bien "briquée"

Je posséde 2 de ses petits frères (carabine et mousqueton de gendarmerie), mais pas le fusil ,

de très belles armes, des plus intéressantes: merci pour ta présentation, un vrai plaisir

Encore un REGAL, merci pour cette présentation !!!!

JERRY

bonjour voici 2 autres gras (magnifique ton gras rantanplanil n y en a plus beaucoup dans cet etat)les miens une carabine d artillerie et un gras en 22lr fait en arsenal pour le mauser 71douilles de chez bertram comme le gras je refait aussi mes douilles de gras a partir de 348winla balle du gras comme le mauser pour les miens fait11.50 je les fait avec la balle du 45/70 recalibré bonne journée dan

Merci pour cette présentation . Un régal pour les yeux .
Tex

Belle brochette!
le GRAS en 22lr

Jolie, merci !

Superbes tous les deux !!!!!!

JERRY

beaux sujet !!!! merci les gars

Bonsoir,

Oui, les Gras sont de très belles armes !

L'armée française avait eu l'expérience de la cartouche métallique à percussion centrale dès 1869, car l'empereur Napoléon III avait fait tester plusieurs Remingtons mod. 1867.
La question de leur adoption avait alors été posée, car on avait reconnu une excellente arme et une très bonne cartouche, mais la guerre franco-allemande allait régler la question.

Après Sedan et Metz et les pertes en Chassepots, les Remingtons du "Contrat Egyptien" seront bientôt massivement ( près de 150.000) importés par le gouvernement de la Défense Nationale. Ils seront utilisés contre les Prussiens.
Le mien est ici :
https://repliquesoldwest.superforum.fr/t5451-mon-remington-model-1867-defense-nationale

Les Remingtons étaient alors les armes les plus modernes en Europe et sa cartouche donnait 390 m/s et 200 kgm ... Ca aussi, ça a persuadé le Reich d'adopter la cartouche métallique.

Je profite de l'occasion pour vous présenter mon Gras. Il m'a été offert par mon père en 74, 150 francs aux Puces à St Ouen ! On est rentrés à la maison en métro, ligne 6 avec le Gras à la main ... de nos jours, de quoi faire intervenir le GIGN !
Il n'est pas du tout dans l'état neuf du tien, Rantanplan, moi c'est un 1866/74, mais il est tout au n° et son bronzage a viré brun - tellement beau que j'ai toujours la crainte qu'il parte au nettoyage.
Le canon est usé, la rallonge de hausse a disparu, mais il tire encore de temps en temps pour dire qu'il tire encore ! Ce ne sera jamais plus un champion, mais j'aime son noyer tigré, il a une patine fabuleuse.
Baïonnette de chez L. Denys en 1880. La bretelle est une reconstitution perso depuis une bretelle de Mas 36 recoupée et reteinte.

L'arme côté droit :

Côté gauche :

La crosse, un noyer magnifique, mais un piou-piou de la Belle époque a démonté sa culasse dessus, le saligaud ! J'espère qu'il a nettoyé les ch… à la brosse à dents pendant 2 ans !

Le fusil n'est pas modifiée 80, pas de rigole d'évacuation des gaz.

Culasse au numéro, comme le canon, la directrice de baïonnette et la crosse :

La poignée de la baïonnette :

Son marquage :


A bientôt

très belle pièce 1866/74 non modifiée 80 ( pas courant)
belle patine. Mes pensées vont tout droit vers le piou-piou qui, à mon sens, est toujours de corvée de chiottes...( sans brosse à dents!)

A l'époque à laquelle tu fais allusion, on trouvait des tas de trucs sur les brocantes et çà n'intéressait pas grand monde.
l'armurier en bas de chez moi se mordait les doigts d'avoir acheté un fagot de MAS 45 qu'il bradait à 100FRF et qu'ils n'arrivait pas à vendre.
Bon il est vrai qu'avec 100FRF en 74 on faisait autre chose qu'avec 15€ maintenant...M'enfin!
j'aurais du lui acheter son stock!
les gens préféraient acheter des Gévarm ou des Manuarm plus "modernes" et 3 fois plus chères...
pour 4 Malabars et 2 Spirous on échangeait un 1873...etc.